Pixie 1. Somnanbulia

V éritable manga au format européen, Pixie se pose d'emblée en petite surprise dans une collection Terres de légendes qui n'a pas pour vocation première d'accueillir des séries qui semblent sorties tout droit du pays du Soleil levant. A l'heure où le manga rencontre un succès grandissant en Europe, cette nouvelle série devrait se trouver un public. Et ce ne serait pas usurpé ! Oh ! pas de quoi crier au génie ou marquer à jamais l'histoire de la bande dessinée, mais l'album s'avère très agréable.

Ce premier tome nous lance sur les traces du jeune prince Ael, un garçon qui ne rêve que d'aventures alors qu'il reste cloîtré dans le palais de la cité de Deicoon. Sa vie changera brusquement quand il se fera enlever par Pixie, brigand de son état. Ensemble, ils parcourront de nombreuses contrées féeriques dans lesquelles Ael prendra plaisir à s'aventurer, comme s'il arpentait les terres magiques des contes qui bercent ses nuits depuis toujours.

C'est de toute évidence la légèreté qui est de mise dans Somnanbulia : des personnages souvent caricaturaux mais attachants, de l'humour de situation fort naïf mais efficace, le tout reposant sur l'action et le mystère. On pourra d'ailleurs regretter que l'histoire ne s'appesantisse pas plus sur les territoires traversés mais de telles explications auraient certainement nuit au rythme du récit. Rien de bien révolutionnaire donc dans les péripéties de nos deux comparses. Pas de réelle structure non plus tant les différentes scènes ne semblent dictées que par le hasard des rencontres de Pixie et Ael. Mais ne faisons point la fine bouche : l'histoire reste malgré tout plaisante et la suite devra nous éclairer sur les desseins de certains personnages d'une part et les objectifs du scénariste d'autre part. En effet, Matthieu Mariolle semble ouvrir tant de pistes qu'on en vient parfois à se demander s'il sait lui-même où il veut en venir.

Le graphisme purement manga d'Aurore est certainement la bonne surprise de cet album. Elle reprend en effet les clichés du genre mais les maîtrise plutôt bien et produit des planches dynamiques où le rendu du mouvement est très réussi. En plus des scènes de combat et des sorts lancés par les personnages, ce sont certainement les visages et les vêtements qui sont le plus typés mais, là aussi, Aurore a bien intégré ses influences et le résultat est tout à fait correct. Comme nombre d'albums actuels, Somnanbulia se voit affublé de couleurs pour le moins lumineuses. Mais elles ne sont jamais indigestes, contrairement à d'autres séries. La couverture, dont la composition est irréprochable, en est un bel exemple.

Au final, Pixie s'annonce, il est vrai, comme un simple divertissement. Mais n'y voyez rien de péjoratif : le plaisir de lecture est bien présent. Très léger, ce premier tome permet à deux jeunes auteurs de faire une entrée remarquée dans le petit monde de la BD. Souhaitons-leur bon vent…