23 décembre 1955, dans le bassin houiller du Nord-Pas-de-Calais, une explosion dans une mine vient plusieurs mineurs, et en piége de nombreux autres à plus de 900 m de fond. Guy Lefranc, journaliste au Globe, est dépêché sur place pour relater les faits. Il y retrouve son ami l’inspecteur Renard venu arrêter un terroriste. Les évènements tragiques vont pousser le reporter à intervenir pour tenter de sauver les rescapés et découvrir les réelles origines de la catastrophe.
L'époque des Lefranc version Jacques Martin est révolue. Il est temps de l'accepter et de se faire à l'idée que plus rien ne sera comme avant. Après une pléiade d'albums passables, dont aucun n'a pu atteindre en qualité ne serait-ce que la cheville (ouvrière) du moins bon de l'ère "Martin/Chaillet", l'espoir s'amenuisait. Seul Les maîtres de l'atome laissait entrevoir un espoir vite refroidi par Londres en péril. Avec Noël noir, il est évident que l'avenir de la série se situe maintenant dans le passé, celui de la naissance du reporter. Avoir voulu faire évoluer le personnage au-delà des années 70/80 fut une erreur avec un résultat contraire à celui souhaité : un héros figé dans des attitudes d'un autre âge. Ce qui pouvait passer pour légèrement désuet et charmant en 1980 devient vite has been quelques années plus tard. L'apocalypse, au juste titre, aurait du sonner le glas de cette époque sachant qu'il était déjà trop tard…
Noël noir, dont l'action se situe dans les années 50, relance enfin les aventures du journaliste sur les rails d'une voie qui n'est plus sans issue. Bâti sur un fond de catastrophe minière, le récit est une dramatique histoire d'amour prenant sa source dans l'immigration de la main d'œuvre européenne d'après guerre, et Lefranc est ici plus témoin qu'acteur. Mais n'est-ce pas là le rôle d'un reporter que de relater les faits d'un monde, d'une société sans intervenir ? Ne serait-ce pas là le nouveau visage tant attendu : un mélange de stabilité temporelle et d'évolution comportementale ? Associé à une aventure humaine, comme dans ce conflit opposant sécurité des travailleurs et rentabilité à outrance, mêlant habillement social, drame sentimental et action de survie, c'est une association qui tient la route - une conscience qui se réveille. Sauver le monde et déjouer des complots internationaux n'est plus qu'un mauvais souvenir, reste les petites gens, ceux pour lesquels il faut se battre, comme les enfants Hearn contre les ambitions démesurées d'une communauté peu scrupuleuse. Lefranc joue toujours les redresseurs de tort, donc l'honneur est sauf. Il va même jusqu'à se rebeller contre l'ordre établi de la censure politique exercée sur son quotidien pour lequel il officie.
Graphiquement, même si le trait de Régric n'est pas exempt de défauts, certains visages sont parfois approximatifs et méconnaissables, le style ne dépareille pas, et sans atteindre le niveau du maître, une certaine constance rassure. En espérant une stabilité de ce côté-là également, un renouveau, une renaissance, bref, un nouvel élan est envisageable qui pourrait bien satisfaire les plus réfractaires des fans. Confirmation au prochain numéro ? Le fonctionnement à deux équipes comme pour B&M semble être la solution retenue par l'éditeur. Taymans préparant le prochain album et précédant peut-être un nouveau tome signé Jacquemart/Régric.
Les commentaires positifs sur cet album m'ont donné envie de le lire, j'étais complètement passé à côté à l'époque de sa sortie. Je rejoins les éloges, c'est très bien documenté et cet opus nous replonge dans l'ambiance sombre des années 50 avec ce quotidien des "gueules noires" dans le bassin houiller du Pas-de-Calais. Pour cette aventure, le scénariste s'est inspiré de la catastrophe de Courrières survenue en 1906 avec un bilan effroyable (plus de 1000 mineurs morts). Bref, ça se lit très bien et cet album se démarque de ceux qui l'ont précédé. Petite remarque pour un album si bien documenté : le prénom Mirko attribué au boutefeu polonais alors que ce prénom n'est pas du tout usité en Pologne où on lui préfère Michal ou Mirek.
Un récit poignant avec un fond historique très travaillé, l'histoire est dense, les explications techniques concernant le charbonnage sont bien amenés.
La grande histoire rejoint la petite avec un drame qui fend le coeur, qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière case ...
J'ai apprécié le parti pris des auteurs de nous livrer plusieurs souvenirs de notre journaliste préféré ( ... et engagé ).
Du grand Lefranc et un bel hommage a ces travailleurs au dur labeur.
Retour en 1955 pour Lefranc avec ce récit excessivement bien maitrisé tant au niveau scénaristique qu’au dessin, pour une histoire oppressante et pleine de psychologie dans les charbonnages du nord de la France. C’est un des rares titres de la série où Lefranc montre un visage humain, et où un personnage féminin apporte une dimension profonde à l’histoire. L’époque et sa réalité très dure est admirablement bien restituée. Une réussite.
Après le navrant "Londres en péril", ce "Noël Noir" est d'une toute autre trempe! Adieu les aventures rocambolesques et les rebondissements invraisemblables, voici Lefranc (qui pour une fois effectue son travail de journaliste!) projeté dans l'enfer d'un accident minier.
L'approche de Jacquemart est quasi documentaire, les mineurs parlent le patois ch'ti, l'italien, ou le français avec l'accent polonais. On parle technique avec le jargon du milieu. L'aventure s'inscrit dans un cadre social décrit avec subtilité, et les histoires individuelles se fondent bien dans ce cadre.
L'ambiance générale de l'album est très sombre (sans mauvais jeu de mot), âpre, étouffante, presque désespérée. Finalement, Michel Jacquemart n'essaie pas vraiment de faire du Jacques Martin: ce Lefranc est un album original, qui reprend le personnage du maître sans chercher à recopier les mêmes recettes.
Et ça marche.
Du très bon scénario, construction solide et très documenté.
C'est ce que j'appelle du réalisme Haletant et captivant...contrairement à de nombreux scénariis de Lefranc invraisemblables, déroutants et improbables !
En prime, les dessins de Régric sont plutôt fidèles à la ligne martinienne ...
Une aventure de Lefranc sombre, dure, mais prenante. Rarement un scénario de cette série a été aussi dense. Pour moi un des meilleurs tome de celle-ci. La volonté du/des scénaristes semble vouloir désormais fixer les aventures de Lefranc dans les années cinquante, ce qui est une très bonne chose et relance la série qui commençait à bien baisser il y a quelques numéros.
Enfin, oui enfin, il aura fallu le temps, mais voici enfin une bonne histoire original et documentés pour la série Lefranc.
Dans ce scénario Lefranc ne tente pas une fois de plus de sauvé le monde ou de contrecarré les plans d'Axel Borg, non, ici il participe a une mission de secours dans une mine du nord de la france au coeur des années 50!
Les mots qui me vienne a l'esprit pour résumer l'histoire sont: Amour, Veangence, Tragédie!
Plusieurs trés bonne scénes : comme les souvenirs de son pére, les trajets dans la mine etc...
Un dessin trés correct de Régric, dans l'esprit des meilleurs dessins de Chaillet...
Le meilleurs Lefranc depuis des années.... A mon gout depuis "la cible" ou encore "l'apocalypse".
Merci au auteurs de ce trés bon moments de lecture.
A la fin de l'albums il est évoquer que Lefranc part pour le conflit algérien, est-ce que cela présage un album futur au coeur de ces événements ?