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etour sur Le Photographe le temps d’une discussion entre Emmanuel Guibert et Didier Lefèvre. Pour la préparation de cet excellent triptyque, l'auteur de La guerre d’Alan avait effectué plusieurs heures d’entretien avec le reporter. Ces conversations, accompagnées d'un très beau portfolio, font office d’hommage au journaliste subitement décédé.
Le dialogue entre les deux artistes est d’abord une discussion entre amis, entre deux personnes partageant une même philosophie de la vie et de leur métier respectif. Lefèvre, autodidacte passé de la biologie au photoreportage lors de sa première mission en Afghanistan sous l’égide de MSF, raconte son parcours. Loin de l’image classique du reporter de guerre baroudeur, il se définit en premier lieu comme un témoin discret, n’hésitant pas - comble du métier - à « louper » volontairement une belle image par respect pour les acteurs d’un drame. L’Afghanistan évidemment, mais aussi l’ex-Yougoslavie déchirée par la guerre civile, l’Afrique et l’Extrême-Orient pour documenter les ravages du SIDA, et son petit plaisir annuel : Paris-Roubaix et ses pavés. Toujours avec la même volonté de documenter sans trahir, il revient années après années sur le terrain, créant ainsi des liens et même des amitiés. Ces contacts lui permettent d’approfondir sa démarche journalistique. Il s'épanche sur ses difficultés à placer des reportages peu en phase avec des médias plus intéressés par les images chocs aussi rapidement publiées qu'oubliées.
Il est peu ou pas question de bande-dessinée dans cet ouvrage. Guibert laisse la parole au photographe, à l’ami trop tôt disparu. Mais ces Conversations représentent un excellent supplément aux trois albums publiés chez Aire Libre et un très beau témoignage sur le métier de preneur d’images.
Sur le même sujet :
- les chroniques des tomes 1, 2, 3 et de l’Intégrale.
- Site officiel de la série aux éditions Dupuis.
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