C
hacal en parapente, c’est tout un programme, d’autant qu’il est entre les mains d’un jeune et fringant moniteur qui n’est pas à court d’arguments pour le pousser à animer un peu la descente. Mais le vieux bougre, pas vraiment à son affaire, ne se laisse pas facilement prendre, et il faudra un subtil « d’habitude, les vrais motards adorent ça » pour le faire céder. La technique est un peu lâche, mais fort efficace : c’est parti !
« Historiquement », Litteul Kevin est la série qui a permis à Coyote de faire connaître son travail à un large public. Sans dénaturer l’esprit qui animait ses premiers albums (Mammouth et piston), il a appliqué une recette qui a fait ses preuves et consiste à s’ouvrir un peu à l’extérieur. En quelques mots : le club des motards a convié femmes (lire « officielles ») et enfants à sa table, obtenant ainsi une relative dignité. Le concept fonctionne bien, l’auteur se délectant des travers de son personnage central - le père - que le regard avisé, tant de son épouse que de sa descendance, ne manque jamais de souligner. Ce huitième tome, disponible en couleurs ou en noir est blanc, ce sera selon votre bon plaisir, est de très bonne facture, et il ne fait nul doute que les inconditionnels ne seront pas déçus. Mais ce n'est pas tout ! Ceux qui seraient un peu refroidis par une production récente sans doute plus conventionnelle devraient aussi trouver là matière à joie simple. Si la déferlante de bons mots pourra paraître ponctuellement un peu chargée, il est indéniable que Coyote maîtrise à merveille l’art de la répartie et des propos à double sens : un dialogue de haute volée lors d’un petit déjeuner épique en témoigne. Le jeu de rôle fonctionne à plein régime et ça fuse dans tous les sens avec une belle constance, notamment grâce à un découpage entièrement dédié au comique de situation et un dessin riche en truculents détails. Si tous les courts récits de cet album ne sont pas nécessairement d’une qualité égale, l’ensemble se révèle très plaisant.
Le tableau de cette famille qui trace sa route sans se soucier des modes et du « qu’en dira-t-on » a quelque chose de profondément jubilatoire. Autant partager !
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