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éveillé en sursaut par son ami Shiroi, Akai, beau gosse charmeur, l’a plutôt mauvaise ce matin-là. Quand une troupe de saltimbanques débarque soudain dans son quartier, il la reçoit sans aménité. Loin de se laisser impressionner par le jeune homme, une des foraines lui conte la bonne aventure et le somme de quitter Tokyo pour rejoindre la mythique Mirai. En souvenir, elle lui laisse une fleur blanche dont le parfum atteint les narines d’Akai pourtant frappées d’anosmie. La légendaire cité où pousse cette plante lui permettrait-elle de retrouver l’odorat ? Sans plus s’interroger, Akai décide de partir vers le Nord, à la recherche de cette ville perdue, emmenant avec lui son « nez », Shiroi, ses compères, Kiroi et Kuroi, ainsi qu’une copine, Aoi. Mais l’étrange fait bientôt partie du voyage, le petit groupe rencontrant tour à tour un tanuki, un garappa et un crâne qui promet d’éclairer le bellâtre sur sa mère.
La culture japonaise séduit en Occident, c’est certain. Elle s’est depuis un moment largement immiscée dans les séries franco-belges, sous divers aspects. Voici qu’un duo d’Italiens propose à son tour une histoire se déroulant au Pays du Soleil Levant, en y mêlant maints éléments du folklore nippon. « Encore ?! », se dit le lecteur quelque peu blasé. Oui. Cependant, cette fois-ci, l’aventure proposée par Massimiliano de Giovanni prend l’allure d’un road-movie bien rythmé aux accents fantastiques et teinté d'humour, qui verse, en fin d’album, dans une quête des origines. De plus, l’environnement contemporain et urbain, puis plus campagnard, ainsi que la galerie de personnages, libres, un brin rebelles, sont accrocheurs et confèrent un cachet bien particulier à ce premier tome. L’intrigue se met rapidement en place et l’équipée du groupe de jeunes commencent presque aussitôt, les composants essentiels ayant été posés. Cette célérité se retrouve dans les rencontres faites en cours d’équipée. Toutes arrivent puis passent assez vite. Néanmoins, le scénariste prend le temps d’expliquer quelle figure mythologique apparaît et quelles en sont les caractéristiques. La mise en scène de ces créatures pour rapide qu’elle soit n’en est pas moins bien menée et fidèle à ce qu’on en connaît. Par ailleurs, c’est avec un certain plaisir que les connaisseurs s’attarderont sur l’apparition de ces entités légendaires, popularisées par les films d’animation des deux grands pontes du studio Ghibli, Hayao Miyazaki et Isao Takahata– comment oublier les joyeux tanuki transformistes de Pompoko ? Enfin, les dires du crâne dans les dernières pages laissent augurer des révélations intéressantes et donnent à Akai un piquant supplémentaire. Mais La fleur que tu m’avais jetée conquiert aussi et surtout par le graphisme plein de vitalité d’Andrea Accardi, qui joue sur l'expressivité des protagonistes et les détails des décors. Son trait accrocheur empruntant au manga possède un dynamisme certain qu’une mise en couleurs vive et contrastée met plutôt bien en valeur.
Ce premier volet du Voyage d'Akai ouvre une équipée fantastique pleine d'allant qu'on suit avec plaisir malgré le classicisme de certains thèmes. Une trilogie à suivre et découvrir !
Un jeune homme, orphelin et bi-sexuel (comme quoi), semble régner en caïd dans l'un des quartiers de Tokyo. Il croise un beau matin une diseuse de bonne aventure faisant parti d'une troupe de saltimbanques et le voilà parti avec sa bande pour le nord du Japon où il doit s'accomplir et retrouver son odorat qu'il a perdu ainsi que ses origines. On va alors assister à un glissement total dans un monde peuplé de créatures divines ou maléfiques de la mythologie japonaise.
Son coeur semble également balancer de deux côtés à la manière d'une autre série de ces mêmes auteurs à savoir Coeurs à louer. Il y a un côté manifestement trop fleur bleue avec des dialogues trop pré-concus pour être crédible sorant de la bouche de ces jeunes gens. Cette juxtaposition entre aventure fantastique et aventure sentimentale ne semble pas trop fonctionner. Il est vrai que le caractère de ces jeunes gens à commencer par notre héros a de quoi énerver un lecteur plutôt patient ...
On retrouve aussi une atmosphère empruntée au grand maître de l'animation japonaise, Hayao Miyazaki. J'aime toujours le dessin assez sensuel d'Accardi. Cependant, il est au service d'un scénariste qui peine à se renouveler et qui emprunte au genre. C'est vrai qu'on ressent une réelle difficulté de la part de ces deux auteurs italiens pour retranscrire un monde typiquement japonais. Cette quête initiatique ne sera que la somme d'une comédie indigente dans un Japon stéréotypé. Le second volume ne fera que confirmer l'impression donnée par le premier. Le troisième qui n'est pas encore sorti se fera sans moi.