A
lors qu’il vient de mettre un point final à sa série Carnets d’orient longue de dix tomes, Ferrandez semble vouloir prolonger son plaisir avec cette adaptation de la nouvelle éponyme d’Albert Camus. C’est tout du moins vrai pour ce qui concerne l’attachement à un pays et à ses paysages, le fond, quant à lui, s’il s’inscrit bien dans l’avant guerre d’Algérie, dépasse ce contexte historique pour parler de l’humain et de sa folie (c’est d’ailleurs remarquablement écrit dans la préface rédigée par Boualem Sansal). L’histoire ? Un instituteur en harmonie avec son environnement vit dans la solitude des hauts-plateaux algériens où il dispense des cours aux enfants du coin. Un soir, arrive un gendarme avec un homme menotté.
L’hôte se lit d’une traite, tant la narration semble dédiée à simplifier la lecture. Pour autant, c’est bien au service du récit que se place cette simplicité. Tout d’abord au regard de la chute, dont la violence sourde est mise en exergue par le caractère presque paisible de ce qui la précède. Ensuite, par cette place laissée aux gestes et aux regards qui parviennent à exprimer tant avec peu. Pour ainsi dire, cet album aurait pu être « muet » qu’il n’aurait guère perdu de son sens. Il s’inscrit logiquement dans l’œuvre cohérente, dépouillée d’artifices et teintée d’humanité, que, depuis bientôt trente ans, Jacques Ferrandez construit sans se soucier des courants et des modes. Un excellent moment de lecture.
L'hôte est tiré d'une nouvelle d'Albert Camus que je ne connaissais pas. Il faut dire que je lis assez peu d'oeuvres littéraires car ce n'est pas mon support préféré. Il est bon alors que des bandes dessinées reprennent des oeuvres classiques pour toucher un plus large public.
L'hôte a été écrit dans le contexte de la guerre d'Algérie. On y voit l'extrême pauvreté de ce pays avec ses paysages arides. La nature ne semble pas faire de cadeaux.
Et puis, arrive un évènement inattendue qui va bouleverser la vie d'un instituteur. Après avoir accueilli un hôte bien particulier, il va lui laisser le choix de sa liberté. Or, je n'arrive pas à comprendre le sens du message final. Pourquoi avoir laissé une si mauvaise remarque sur le tableau d'Ecole ? L'instituteur semble s'être aliéné le gendarme qui représentait l'autorité locale sans gagner la sympathie du prisonnier indigène. C'est franchement une terrible conclusion.
Jacques Ferrandez adapte brillamment une nouvelle d'Albert Camus parue dans le recueil L'exil et le royaume. Peu de personnages et peu de mots dans cette bande-dessinée mais de superbes paysages algériens.