A
h, les chats ! Ils fascinent, captivent, inspirent les poètes et semblent, pourtant, s’en moquer comme de leur première souris, offrant aux regards émerveillés ou attendris un sourire goguenard qui semble dire « Admire-moi ! C’est moi le roi. Toi, tu n’es guère plus qu’un pet de rat ». L’air chafouin de nos félins préférés, leur paresse légendaire, leur indépendance et leur indifférence souveraine ont su envahir jusqu’à la bande dessinée, depuis Garfield jusqu’à Niumao, qui leur sont consacrés, en passant par de multiples séries où ils font leur apparition quand ils ne s’y ébattent pas gaiement. Qui oubliera un Azraël ou le matou joueur de Gaston ? Au Japon, non plus, la grande confrérie des grippeminauds n’est pas en reste, comme le prouve Cats et Nekomura-san. Mais le chat nippon par excellence, c’est Michael, le cousin direct du héros loquace de Jim Davis. A ceci près que, lui danse, à défaut d’être doué de parole.
Voilà donc que les aventures de cette boule de poils tigrée reviennent en France, Glénat rééditant les trois premiers tomes déjà parus il y a une dizaine d’années. L’occasion est idéale pour se (re)plonger dans le quotidien de Michael, de sa famille (nombreuse) et de ses maîtres successifs. Makoto Kobayashi a en effet choisi de donner à son félin plusieurs propriétaires récurrents. Ici, un yakuza qui ne veut surtout pas laisser voir qu’il adore les chats. Là, un couple qui trouvent en lui un parfait objet de conversation avec des invités ennuyeux. Ailleurs, une jeune femme incapable de lâcher son minou à l’heure de partir au travail. Autant de patrons, autant de contextes amenant des situations pleines d’humour, déclinées en quarante-et-une saynètes, dans lesquelles Michael rafle sans cesse la vedette par ses bêtises et son comportement drolatiques. C’est bien lui la star, sauf, peut-être, lorsqu’il est confronté à son imposant voisin, Godzichat, un mastodonte de première catégorie qui vaut, lui aussi, son poids en boîtes Sheeba. Les quelques rares mini-chapitres sans humains s’avèrent également très bons, car ils mettent en scène, de façon amusante, l’éternelle rivalité entre chiens et chats. Et ici, ça se joue souvent au mah-jong pour savoir qui l’emportera ! Enfin, une grande partie du plaisir passe par le dessin, dont le trait, bien qu’un peu daté, parvient à rendre avec brio les mimiques et attitudes des mistigris. Sous leur tête ronde et leurs oreilles pointues, derrière leurs moustaches, ils semblent vraiment prendre les bipèdes de haut, surtout lorsque ceux-ci s’agitent comme des damnés.
Cette série de sketches en quelques pages est très agréable à lire et conquiert facilement. Les inconditionnels des boules de poils miaulantes s'y retrouveront sans peine. Les autres passeront un bon moment.
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