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aximilien Le Roy raconte à partir du récit vécu par Hosni, le parcours d’un homme devenu sans domicile fixe. L'auteur trouve le ton juste pour évoquer ce sujet, avec un dessin placé au service de la voix off du narrateur, et qui exploite sans esbroufe quelques trouvailles visuelles, l’effacement par exemple pour signifier le rapport de la société avec l’exclu.
Hosni va à l’essentiel, sans pathos ni aigreur, avec ce qu’il faut d’empathie pour retranscrire au plus près cet itinéraire - s’en tenir aux faits pour que le lecteur puisse en percevoir les effets dans toute leur complexité. Ainsi, ce livre va au-delà des lieux communs, en signifiant notamment ce que cet état a de difficilement réversible quand il s’installe dans la durée et d’inhumain dans ce qu’il provoque dans la relation à autrui. A la fin de l'album, quatre autres témoignages écrits viennent confirmer certains aspects du parcours d’Hosni, tout en montrant bien que chacun a une perception de sa condition qui lui est propre, une histoire qui est sienne.
Hosni rappelle qu’en 2009, en France, derrière une médiatisation saisonnière bien ordonnée, la situation évoquée est bien installée dans le paysage.
D'autres albums abordent ce sujet avec sensibilité :
- Soupe froide de Charles Masson
- Amères saisons d'Etienne Schréder
J'ai été assez touché par le récit d'Hosni qui est malheureusement une descente aux enfers mais dans la rue. Le thème est celui de ceux qui perdent tout et qui se retrouve dans la rue à mendier.
Ces gens n'ont actuellement pas la côte car on dit que c'est de leur faute s'ils en sont arrivés là et qu'il faut travailler pour s'en sortir. Oui mais encore faut-il qu'il y ait du travail pour tout le monde. On pourra toujours rétorquer que certains chiffres évoquent le fait qu'un million d'emplois ne trouvent pas preneur faute de formation dans ces domaines particuliers. Mais bon, revenons à la bd avant que je m'égare de trop.
Je n'ai pas trop aimé le dessin, ni la colorisation. Pour autant, quand on est prit par une certaine forme d'émotion, on peut oublier la forme pendant un court instant. Le mode narratif occupe tout l'espace ne laissant que pas de réplique au personnage principal. C'est un choix assumé par l'auteur qui se concentre sur ce SDF lyonnais.
On retiendra beaucoup d'humanité dans ce personnage qu'on aurait envie d'aider. Un témoignage touchant.