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La princesse du sang 1. Première partie

05/11/2009 15647 visiteurs 7.1/10 (7 notes)

S on rêve à elle était de rencontrer Robert Capa, le célèbre photographe. Elle, c’est Ivory Pearl, un nom donné par les anglais quand ils l’ont emmenée avec eux lors de l’avance des Alliés vers Berlin en 1944. Adolescente débrouillarde, portée sur la clope et l’alcool, elle fait la connaissance en 1950 d’un officier homosexuel, Robert Messenger, qui la prend sous sa coupe en échange d’une couverture sociale. Quelques années plus tard, en 1956, la jeune femme part se ressourcer à Cuba, au fin fond de la Sierra Maestra.

L’histoire aurait pu s’arrêter là ou, du moins, se révéler moins complexe sans les scènes de kidnapping d’une fillette de sept ans et de fusillade présentes en début d’album. Quant au lien avec le reste du récit… Mais chaque chose en son temps. La Princesse du sang est un roman inachevé de Jean-Patrick Manchette, décédé en 1995. Le projet d’adapter l’œuvre au cinéma ayant avorté, le fils de l’auteur, Doug Headline propose d’en terminer l’écriture et de trouver un dessinateur pour en faire une bande dessinée. José-Louis Bocquet, directeur éditorial d’Aire Libre, convainc Max Cabanes de les suivre dans cette aventure.

La Princesse du sang devait être la première pierre d'une grande saga, intitulée Les gens du mauvais temps, une sorte de récit romanesque se déroulant au lendemain de la seconde guerre mondiale. Le mélange de genres est un premier pas pour expliquer l’étonnante densité de l’album qui demande au lecteur une attention de chaque instant. Polar, géopolitique et histoire se suivent jusqu’à se confondre, attirant avec eux une galerie de personnages complexes, qui ne se révèlent qu’au fil des pages. Quelques flashbacks savamment distillés apportent des éléments de réponse et préservent l’intérêt intact, jusqu’à la dernière case. Le choix de l’année, 1956, est également révélateur des entrelacements souhaités par l’auteur. La révolte hongroise de Budapest, les premiers faits d’armes de Fidel Castro à Cuba, mais aussi les luttes sanglantes entre membres du FLN et du MNA en Algérie, sont autant d’événements qui ont fait de cette période une étape charnière de l’Histoire contemporaine. Enfin, certains thèmes d’habitude peu exploités, l’homosexualité d’un officier de l’armée anglaise en fait partie, viennent, si besoin était, renforcer l’originalité du récit.

Si une relecture est probablement nécessaire pour démêler toutes les ficelles, le jeu en vaut largement la chandelle. Ne serait-ce que pour apprécier le magnifique travail de Max Cabanes, dans un registre beaucoup plus réaliste qu’à l’accoutumée. Même s’il est difficile de ne pas voir en Robert Messenger une ressemblance plutôt frappante avec le célèbre Capitaine Francis Blake, chaque protagoniste possède sa propre personnalité. Malgré une ou deux scènes de combat un peu moins convaincantes, le dessin de l’auteur de Dans les Villages est un vrai régal.

Si la deuxième partie de ce diptyque est du même acabit, nul doute qu’il tiendra une place de choix dans la prestigieuse collection des éditions Dupuis. En attendant, peut-être, d’autres aventures de la pétillante Ivory Pearl qui possède toutes les qualités requises de la parfaite héroïne.

Par L. Gianati
Moyenne des chroniqueurs
7.1

Informations sur l'album

La princesse du sang
1. Première partie

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Note: 4.0/5 (91 votes)

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L'avis des visiteurs

    Julien Blin Le 09/04/2014 à 11:09:12

    Très bonne série en 2 volumes, découverte chez mon libraire favori. Une BD-polar noire avec un scénario en béton de Manchette. Des personnages lugubres, liés par la destinée d’une enfant, et enchevêtrés dans les méandres d’une intrigue géopolitique de haute envergure. Malgré un dessin classique et un découpage assez académique, mon goût se portant généralement sur des œuvres plus graphiques, le rythme soutenu de la narration offre une belle lecture. Je recommande ces 2 épisodes sans hésiter à tous les fans de BD, et en particulier aux amateurs de romans d’espionnage.

    cachou Le 16/05/2011 à 19:48:00

    Je ne connaissais pas ces deux auteurs, je connaissais encore moins J.P Manchette qui içi nous offre une première partie sans temps morts avec un début sanglant, et des dessins de Cabanes qui correspondent vraiment bien au scénario.

    Que du bonheur que cette première partie de l'histoire.

    groot Le 15/01/2011 à 23:49:08

    Etant un des inconditionnels des polars de JP Manchette et en particulier de la "position du tireur couché", une petite merveille d'efficacité, j'avais quelques doutes sur cette adaptation. Comment retrouver le style manchette dans une bd? et pourtant, son fils aux manettes arrive à ses fins. Il rend là un très bel hommage.
    Cette bd n'est pas fait pour les paresseux; un minimum d'attention est nécessaire si on veut garder le fil de l'histoire; l'intrigue est construite sur une base d'espionnage, de géoplotique et d'aventures. Les multiples personnages prennent, au fil des 80 pages, suffisamment de volume pour nous donner envie de nous replonger dans le tome 1 lorsque la 2ème partie sortira. Surtout les auteurs mettent en scène une véritable héroïne moderne, Ivory Pearl, avec son joli minois, ses défauts et son fichu caractère. Cabanes, au pinceau, nous régale avec ses couleurs et l'utilisation de la lumière. La couverture est sublime...Cette bd peut devenir un must mais pour cela il nous faudra un 2ème tome aussi bon.

    macluvboat Le 06/02/2010 à 17:55:28

    Encore une réussite dans la collection Aire Libre. La prémière scéne, sanglante, nous met en bouche pour suivre cette histoire situèe après-guerre, en pleine guerre froide, où se mêlent contre-espionnage, vente d'armes, tueurs à gages,... L'histoire dans ces 80 pages est très fouillée et les dessins sont excellents.
    On n'a qu'une hâte : la deuxiéme partie.
    Cette oeuvre est à lire et à relire sans modération.

    madlosa Le 17/10/2009 à 22:23:14

    Puissant, est le premier qualificatif qui me vient à l'esprit après la lecture de cette première partie. L'univers noir de Jean-patrick MANCHETTE est parfaitement rendu par des dessins percutants aux couleurs parfaitement adaptées aux situations et des dialogues coupants comme un rasoir. Le découpage des planches donne un rendu cinématographique à l'ensemble et l'on s'embarque dans cette histore dès le début, lorsque "l'automobile roulait avec soin dans le sable ...". 80 pages plus loin, le souffle court, nous refermons l'ouvrage en espérant une deuxième partie le plus tôt possible. Bravo à CABANES pour ce tour de force pas évident du tout !!!