1516. Léonard de Vinci arrive en France avec sa suite. Accueilli par François Ier, l'artiste s'installe dans le château d'Amboise, à proximité de Paris. Sentant la fin venir, il s'empresse de terminer son grand œuvre avant que d'autres, le Roi en tête, ne mettent la main sur lui et sa source d'inspiration. Quel rapport avec Shepherd, cet homme plusieurs fois centenaire, interné après avoir tué sa femme et ses deux filles ? Toujours le même : la flèche de Nemrod. Arthur Witzler, plus grand magnat que la Terre ait porté, a juré de résoudre l'énigme, du haut de sa station spatiale, avant de quitter définitivement le monde des hommes.
Après quatre tomes, LF Bollée entretient le mystère. Revisitant le mythe biblique de Nemrod, roi de Babel qui aurait blessé Dieu lui-même, l'auteur d'Apocalypse Mania s'attèle à décrire le parcours à travers les âges de la flèche tachée de sang divin. Après s'être principalement attardé sur l'effet de l'objet sur le pouvoir politique, et l'attrait que celui-ci constitue pour les tyrans de ce monde, il consacre une plus grande attention, dans ce quatrième volume, à son influence sur l'art. Pour ce faire, il place le personnage de Léonard de Vinci au centre de son propos. Sans donner dans le récit historique, l'intention étant évidemment tout autre, LF Bollée campe un personnage intéressant, crédible dans ses discours et ses attitudes.
Selon une pratique de plus en plus fréquente, le dessin de L'ultime chimère est confié à plusieurs auteurs. Chargé d'illustrer la trame principale, Griffo réalise une performance égale sur toute la série, correcte sans être époustouflante. Son style plutôt sobre s'accorde toutefois assez bien avec l'univers aseptisé de la station Witzler. Nouveau venu sur la série, Fabrice Meddour est moins constant dans sa représentation de la France de l'époque. Entre certaines planches fort réussies, notamment celles comprenant des scènes de nuit, et d'autres de moindre qualité, en particulier les scènes d'intérieur, il surprend par un manque flagrant d'unité. L'ensemble n'en est pas moins efficace, même s'il manque parfois un soupçon de caractère pour faire du graphisme un maître atout.
Sans atteindre des sommets, LF Bollée maintient assez habilement le suspens et, bien qu'il péche parfois par manque de fluidité dans sa manière d'imbriquer les différentes histoires au sein d'un même album, il réalise avec L'ultime chimère une série grand public tout à fait honorable. Typiquement le genre d'histoire qu'on est content de retrouver pour s'offrir un moment de détente après une journée de dur labeur...
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