S
ous ses dehors humains des plus avenants, Sheila est en fait le Roi Démon qui terrorise hommes et monstres, qu’elle élimine à tour de bras. Un jour, elle croise Exa, le Héros chargé par les humains de la tuer, qui ignore tout de son identité. Le prenant pour un grand naïf car il prétend laisser la vie sauve aux créatures démoniaques afin de favoriser leur coexistence avec ses concitoyens, Sheila décide de jouer avec lui, pensant bien l’abattre à la fin. Mais elle tombe rapidement sous son charme, et l’amour comme l’exemple faisant leur œuvre, elle ne tarde pas à apprécier le point de vue d’Exa. D’autant plus qu’elle mesure petit à petit l’importance des préjugés de la population envers tout ce qui ressemble à un monstre et les effets néfastes qu’ils entraînent. Toutefois, son caractère emporté ne lui facilite pas la tâche quand il s’agit d’épargner quelqu’un qui lui a déplu.
Abordant l’éternel thème de l’acceptation de la différence, à travers une lutte tout aussi ancienne entre l’humanité et les entités ténébreuses, Superior propose un mélange assez ordinaire d’aventure, de fantastique et de romance, parsemé sans parcimonie d’un humour bon enfant. Si le sujet paraît éculé, l’histoire n’en est pas pour autant déplaisante. Au contraire, Ichtys joue au maximum sur les particularités de son héroïne qui se révèle en quête d’affection malgré ses nombreux pouvoirs et sa toute puissance terrifiante, et dont l’ambivalence est au cœur de l’intrigue. Il en profite aussi pour tirer un maximum de ficelles comiques en multipliant les situations propres à faire sourire, en particulier à travers les attitudes des protagonistes. Cela divertit sans nul doute. Néanmoins, en l’espace de deux tomes, le fond du récit n’évolue guère, malgré l’entrée en scène de nouveaux compagnons de route, les combats et les diverses rencontres. En effet, bien qu’il y ait peu de temps morts, le scénario paraît se réduire à un schéma plutôt simpliste d’accrochages pour divers motifs, de duels et de bonnes paroles émises par Exa et avalisées, bon gré mal gré, par une Sheila subjuguée. Heureusement, le dessin bien léché d’Ichtys vient combler ce défaut par le plaisir des yeux qui commence par des couvertures alléchantes. Le trait ferme et dynamique accompagne bien une histoire pleine d’action et il faut être bien pointilleux pour relever certaines imperfections dans la représentation des mains dont les doigts semblent quelquefois tronqués.
Ces deux premiers tomes de Superior font passer un moment agréable et on pourrait s’en contenter si n’était la crainte de voir la série s’enliser dans un modèle trop répétitif.
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