A
fin de gagner le respect de sa tribu, tout en vengeant la mort de son père et de ses frères, Laghou a décidé de tuer Longuebarbe, le légendaire bison noir qui foule leur territoire. Pour ce faire, le tailleur de silex émérite est parti à la rencontre du clan de la Lune, détenteur du secret de fabrication du « Cristal de Chasse », une arme redoutable qui lui permettra de venir à bout du terrible animal. Pour l’acquérir, le jeune boiteux doit cependant accepter une nouvelle mission : récupérer le « Breuvage de Vie », remède détenu par la tribu des Mousses et capable de guérir ses hôtes du « Grand Mal ». Accompagné de la belle Mana, il entreprend donc la traversée des terres des cannibales nommés « Hommes Sanglants ».
Après un tome d’introduction très prometteur et moins teinté de fantastique que son autre série préhistorique chez Soleil (Vo'hounâ), Emmanuel Roudier continue à explorer cette période qu’il affectionne tant et à rendre hommage à nos lointains ancêtres. Raillé et rejeté par les siens à cause d’un handicap, le héros néandertalien prend de l’assurance au fil des dangers qu’il affronte. De troc en troc, il accumule les rencontres et poursuit cette quête initiatique qui permet au lecteur de tâter à l’ambiance du Paléolithique moyen, situé entre 250 000 et 28 000 ans avant notre ère, au temps où les premières planches BD ne décoraient pas encore les parois des grottes. Malgré une certaine redondance au niveau de cette construction qui alterne de longues discussions au coin du feu à des périples plus muets à la rencontre de la prochaine peuplade, le voyage s’avère didactique et captivant.
En véritable spécialiste des Hommes de Néandertal, l’auteur livre un décor et des personnages qui sont d'un grand réalisme et un récit d’une grande authenticité. Les mœurs et coutumes primitives, les paysages, la flore et la faune paraissent très crédibles. L’usage de phrases en bon français peu surprendre, mais permet à ceux qui n’ont pas révisé leur néandertalien depuis longtemps de s’immerger pleinement dans la préhistoire. Une narration plus fidèle à l’âge de pierre aurait peut-être accentué l’authenticité, mais ne serait probablement pas parvenue à véhiculer autant de profondeur et de subtilité. Cette approche linguistique dont l’auteur s’explique d’ailleurs en postface, permet également de modifier la perception erronée véhiculée par des films tels que La Guerre du feu, qui résument souvent les hommes préhistoriques à des brutes dénuées de toute forme d’intelligence, parlant à coups de massue et traînant leurs femmes par les cheveux dans la grotte. Emmanuel Roudier insuffle ainsi beaucoup d’humanité aux hommes de Néandertal et propose une fresque sociale riche en échanges ne reposant pas uniquement sur des rapports de force. Graphiquement, il restitue avec beaucoup de soin toute la richesse de cette lointaine époque. Des trognes des protagonistes aux décors variés, en passant par une colorisation d’une grande justesse, le dépaysement est total et extrêmement crédible.
Une aventure humaine et passionnante, en compagnie d’aïeux bien plus attachants que d’accoutumée.
Aidé par des dessins pétris de personnalité, cette histoire remplie de rebondissements tient en haleine son lecteur. Il n'y a rien de vraiment nouveau, mais l'auteur arrive à nous faire rentrer dans son récit et on en sort que lorsqu'on tourne la dernière page.
A la fin de ce tome, Roudier nous explique pourquoi ses personnages s'expriment dans un français plutôt moderne au lieu d'utiliser des borborygmes.
J'avoue qu'avant d'ouvrir le premier tome, j'avais vraiment peur de me trouver devant une BD où les dialogues seraient des onomatopées laissant le lecteur se raconter sa propre histoire.
Heureusement, il n'en rien. Je trouve même que l'auteur délivre des dialogues intéressants, acceptables et confortables pour le lecteur, même s'ils ne sont pas entièrement crédibles.
Un deuxime tome dans la même veine que le premier c'est à dire somptueux.
L'histoire est bien tournée et les personnages par leur diversité et leurs défauts sont très humains donc convaicants.
Les dessins sont bons; mention spéciale à la précision apportée aux visages.
Excellent.
8/10.