26 février 1913, la Marie Jeanne quitte le port pour une longue période de pêche de l’autre côté de l’océan Atlantique ; à son bord, des marins endurcis par une vie sacrifiée à leur métier et deux jeunes venus apprendre. Alors que plus d’un mois s’est écoulé dans ce désert maritime, l’un des membres de l’équipage est retrouvé poignardé. Il est hors de question de regagner les côtes françaises les cales du bateau à moitié vides. Autre époque, autres mœurs… Chabouté excelle, par son trait, à rendre palpable ce que la vie peut infliger aux hommes, par les silences, à reproduire la violence sourde de leurs rapports.
L’auteur développe son inclinaison naturelle à isoler ses protagonistes, si possible dans un environnement hostile au possible, afin qu’ils se retrouvent confrontés à eux-mêmes. Terre-Neuvas ne déroge pas à la règle, et c’est sans doute ce qui lui est le plus opposable, d’autant que cet album arrive après deux autres qui, non seulement, sont remarquablement aboutis, mais surtout, ont respecté ce schéma à la lettre. Certes, le dessin est encore une fois saisissant de justesse, tant pour décrire une nature déchaînée, que pour donner du sens à des faciès pourtant ô combien fermés, mais les ingrédients sont maintenant connus. De plus, la mécanique de ce livre souffre d’une chute un peu facile, domaine qui est peut-être l’une des faiblesses de l’auteur, et qui transparaît avec d’autant plus de clarté que l’histoire repose aussi sur une intrigue (cf. : Zoé et La bête).
Terre-Neuvas porte la marque d’un Chabouté maître de son art, et c’est sans doute là que le bât blesse - toute proportion gardée il convient de préciser. L’idée que cet auteur, touché par la grâce de Dieu pour parler de l’humain, puisse s’échapper des sentiers qu’il a lui-même battus donne à rêver.
Le dessin est tellement puissant, le contexte tellement fort que l'histoire est anecdotique, limite décalée. C'est vrai que "se contenter" (mais avec quel brio) de montrer le quotidien de ces pêcheurs de morue se serait apparenté à faire un documentaire, on peut donc comprendre que l'auteur ait ajouté une touche de suspense et de vengeance. Comme toujours, on ressort de ces lectures complètement chahuté et enchanté.
J'ai presque toutes les œuvres de Chabouté à la maison. Le dernier titre «Tout seul» fut même classé culte. Je ne possèderai pas celui-ci qui m'a un peu déçu.
L'auteur se replonge dans le thriller maritime. C'est classique et sans aucune émotion. Il nous avait tellement habitué à mieux qu'on ne peut qu'en ressortir avec de la déception. C'est dommage car cela avait bien commencé avec une description du quotidien difficile des pêcheurs de morue au large de Terre-Neuve. Puis, cela bascule inutilement dans une affaire de meurtre sur fond de vengeance.
Cependant, il ne faut pas se tromper. Cela reste tout à fait convenable notamment au niveau du graphisme et un sens du découpage hors pair. Le dessin est toujours aussi magnifique. Il colle parfaitement à l'ambiance dégagée. Chabouté est un véritable auteur de talent. Gageons qu'il fasse mieux la prochaine fois !
Chabouté, avec son brio habituel, relate la difficile et rude vie d'un équipage de pêcheurs de morue....sur un fond de polar/thriller!
L'histoire est bien mené, la lecture est fluide et le dénouement bien pensé. Sans être indispensable, à lire....
7/10
Chabouté a le don de créer des ambiances muettes où un seul regard peut tout dire, tout faire.
Le métier de marin n'est pas sans repos mais il devait l'être encore moins au début du siècle. Surtout lorsque des meurtres se produisent sur la goéliche, que le capitaine boit un coup et bat son moussaillon...
On ne sait pas où l'auteur veut en venir avant le quart final de l'oeuvre.
Une belle surprise égale aux oeuvres de Chabouté. Pas la meilleure mais vaut le détour.