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oyaume Uni, 1937. Chez les Buckenham, les affaires vont mal, très mal même. En effet, la ruine menace cette ancienne famille de nobles britanniques. Comment faire pour se sauver de cette situation embarrassante ? Si ces soucis ne suffisaient pas, il faut également rendre service au roi, qui en ces temps d’incertitudes, a besoin d’un endroit sûr pour organiser une réunion stratégique mais néanmoins discrète.
Des classiques du théâtre de boulevard mâtinée à la comédie d’espionnage, Didier Convard (Kaplan & Masson, Le triangle secret) et Éric Adam (D‘Artagnan) ont également pioché au rayon histoire sentimentale et humour anglais pour concevoir cet album. Il s’agit avant tout d’un récit hommage, mais également très gaulois, à la dramaturgie anglaise. Au fil des pages, des Lords tirés à quatre épingles, une fille élevée aux romans de Jane Austen, un fils marxiste à la petite semaine, un oncle à héritage, un savant atomiste allemand en fuite, Edward VII, le très imbibé vice-président Wilson et les inévitables inspecteurs de Scotland Yards passent et repassent sous les yeux du lecteur. Les histoires de chacun se mélangent, les portes claquent et un cadavre se fait balader de placard en placard. Le résultat est amusant car les auteurs ont très bien réussi à organiser la ronde et, même si le ton est à la parodie, ont évité de tomber dans la caricature grossière. Ambiance de tweed et boiserie néo-gothique oblige, la narration est, par moment, un peu lente et aurait gagné à être un peu plus resserrée. Le scénario est néanmoins parfaitement maîtrisé et, malgré le nombre de trames secondaires, toujours parfaitement clair et compréhensible.
Paul est avant tout un coloriste de grande réputation. Avec cet album, il montre qu’il possède aussi un très bon coup de pinceau. Sa réalisation en couleurs directes très denses et très pures rappelle, dans un tout autre genre, le travail de Lorenzo Mattoti. Cette approche presque picturale, si elle est parfaitement adaptée à l’atmosphère feutrée d‘un manoir anglais, manque néanmoins de mouvement. La mise en page variée, par moment très originale, n’est pas toujours suffisante pour dynamiser la cascade presque continue de quiproquos divers.
Grâce à une histoire originale et une réalisation soignée, Petite mort en un acte réjouira tous les amateurs de références cinématographiques et d’humour anglais.
Convard s'est vraiment éclaté avec ce one shot. On y passe un joli moment avec tous ces personnages plus grands que nature. On dirait qu'il s'est trouvé de jolies idées et a bâti l'histoire tout autour. On y retrouve une certaine causticité, une intelligence qui captive. Bref, ça change des interminables séries sur Jésus et les ordres secrets.
Les planches ont un dessin bien particulier mais qui ajoutent un plus à cette histoire complètement tirée par les cheveux qui part dans tous les sens.
Une mention spéciale pour le personnage du président Truman.