S
idibé, en bon fils de griot, aime bien les histoires. Ça tombe à point, car à Bamako, des histoires de couples illégitimes, de politiciens corrompus et de trafiques divers, il y en a beaucoup à raconter. Pour quelques pièces, Sidibé aura sûrement un petit quelque chose d’intéressant à vous confier.
Arnaud Floc’h connait l’Afrique et ça se voit. Sa description de Bamako est riche de détails et de situations que seuls de longs séjours assidus sur le Continent Noir peuvent inspirer. Le dessin et le traitement des couleurs, oscillant judicieusement vers un style naïf par instant, immergent complètement le lecteur dans l’atmosphère chaotique de la capitale malienne. Si le côté description du quotidien est admirable, la partie fiction de l’album est moins réussie. La construction repose sur différentes petites intrigues reliées par Sidibé en guise de fil conducteur. Malheureusement, Floc’h a voulu réunir toutes ses histoires en un seul récit. Afin de donner un semblant d’unité à son scénario, il est obligé de multiplier ellipses et raccourcis d’une façon un peu audacieuse. Cette valse-hésitation entre documentaire et fiction rend la lecture parfois difficile.
Certaines personnes pensent qu’il faut préférer la compagnie des cochons aux hommes. Depuis que j’ai vu le film Hannibal, j’en doute fort à moins d’être sado (ce qui est la mode actuellement).
Le récit en question se passe à Bamako au Mali. J’ai vu qu’il y a un certain Coulibaly, sans commentaire sur le choix des noms. Il est également question d’espionnage d’un couple de libanais contre la promesse d’avoir des chaises roulantes d’après ce que j’ai compris. Cela ne sera guère passionnant pour le reste.
Le moment fort restera l’attaque du cochon dans l’enclos contre le petit garçon blanc. Enfin un peu d’action sous la moiteur de ce pays africain rongé par la corruption. C'est une bd d'atmosphère plutôt que d'action. Les choses vont très lentement.
Bref, vous aurez compris qu’on se passera bien de la compagnie des cochons et autres gros porcs.
Un vrai témoignage sur le Mali à Bamako à travers les intrigues que subit le griot local qui est aussi photographe. Les dessins sont très couleur locale, on s'y croirait. Le récit est noir, un peu désespérant car il faut accepter les petites compromissions et trafics pour s'en sortir, et l'amour est rien moins que pur.
Intéressant.