L
a petite vie tranquille de Kenji se trouve bouleversée lorsque son ami Donkey se suicide après lui avoir écrit à propos d’un symbole lié à leur passé. Ce symbole serait devenu l’emblème d’un groupe mêlé à des affaires d’enlèvements…
Voici le point de départ d’une des meilleures séries à suspens de ces dernières années. Elle emprunte à la fois au polar, au thriller et au fantastique tout en étant une chronique de la vie des jeunes japonais à une certaine époque.
Alors qu’est ce qui fait de 20th Century boys une série d’exception ?
Tout d’abord, il s’agit d’une histoire d’amitié qui fera vibrer la corde sensible d’un public adulte un brin nostalgique de sa période Culottes courtes. La complicité des personnages née autour de cachettes, de trésors secrets, de folles histoires de SF et de robots devrait rappeler quelque chose à nombre d’entre nous (au moins les bambins des 60’s). Qui n’a pas eu envie de retrouver des copains d’école ou de quartier pour vivre de nouvelles aventures 15 ou 20 ans plus tard ? Une nuance de taille tout de même pour les personnages principaux : le sort du pays est en jeu. Lorsqu’ils se retrouvent, ils doivent faire face à un danger auquel ils se sentent coupables d’avoir collaboré, plus ou moins volontairement. Leurs liens s’en trouvent renforcés puisque là, c’est vraiment à la vie – à la mort.
Ensuite, le « Méchant » est vraiment redoutable : on ne connaît pas son identité mais seulement qu'il s'agit d'un proche du groupe d'amis. Derrière un physique anodin, il se révèle être un redoutable gourou. Il se présente comme la seule alternative possible pour sauver l’humanité et les pouvoirs en place l'accueillent à bras ouverts. Seule une poignée d’hommes refuse de se laisser aveugler et de souscrire au modèle sectaire proposé par AMI. Le thème est classique mais aussi bien traité que dans 20th Century boys, il a encore de beaux jours devant lui.
Monster l’avait déjà prouvé, Urasawa est un conteur hors pair. Le dessin est sobre, les cadrages précis, jamais inutilement alambiqués, les expressions ne donnent pas dans l’excès. Un 20th CB se lit à fond la caisse, les 220 pages de chaque tome tournées à chaque fois à toute vitesse. L'auteur nous mène par le bout du nez et on en redemande.
Un bond de 15 ans pour rencontrer de nouveaux personnages ? Après une légère grimace (pour une fois que c’est le lecteur qui grimace dans un manga…), on est ravi de prendre le train en marche. Au gré de flash-back et d'aller-retour sur une période 40 ans, la chronologie est souvent malmenée mais le lecteur ne perd jamais le fil.
Le personnage principal perdu de vue pour s’intéresser à un autre, a priori secondaire, pendant 150 pages ? Pas de problème puisque le récit continue de progresser et que l’écheveau se déroule.
Un rebondissement attendu depuis plusieurs tomes ? Oui, mais c’est pour découvrir l’envers du décor ou un autre angle qui nous réserve une ou deux surprises.
Un cliffhanger à la fin de chaque tome ? Le recours aux ombres et aux masques ? Le procédé peut paraître un rien systématique mais c’est si bien amené et tellement porteur de promesses pour la suite que le lecteur se laisse faire avec docilité et délice (cf. l’exemplaire tome 8).
Ne vous arrêtez pas aux couvertures très laides de l’édition française qui ne reprennent qu’une partie (la plus infantile) de la couverture originale (1). Oubliez vos a priori sur les mangas, leur sens de lecture inhabituel, leur petit format, leur papier de qualité moyenne et leur N&B un rien austère. Offrez-vous ces tranches de plaisir préparées avec soin par un des derniers grands feuilletonistes.
Note : le tome 9 est attendu début septembre 2003
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