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epuis ce jour où, à dix ans à peine, un khmer rouge lui a mis une kalachnikov entre les mains, Aki-Ra a posé de nombreuses mines et tué beaucoup d’adversaires, à l’instar de tant d’autres enfants soldats. Capturé par les Vietnamiens, il est entré dans leur armée, semant toujours la mort, tremblant pour sa vie, mais apprenant également à lire et à écrire. Il a grandi ainsi, ignorant tout du vaste monde, confiné dans la jungle entre les balles, la peur et la malaria, jusqu’au jour où la guerre a pris fin et qu’il a rencontré un Français de l’Apronuc, un contingent de l’ONU chargé de déminer le Cambodge. Aki-Ra s’est alors lancé à corps perdu dans ce nouveau combat, traquant et désamorçant les engins meurtriers pour permettre aux paysans d’aller sans risque dans leurs champs ...
Série en deux tomes, L’enfant-soldat est tiré d’une histoire réelle, celle d’Aki-Ra, alias Akira, un Cambodgien engagé, petit, dans les troupes khmères puis passé dans l’armée vietnamienne et, devenu à vingt ans, expert en déminage, avant de fonder un musée consacré aux mines anti-personnelles et à leurs victimes. Il s’agit donc d’abord d’une biographie et d’un témoignage historique sur un conflit éloigné et dont on a tendance à oublier les conséquences qui sévissent toujours aujourd’hui, le terrain étant encore loin d’être totalement sécurisé. Akira Fuyaka, qui a rencontré le héros, replace la vie de celui-ci dans le contexte de l’époque et, dans ce second volume, met l’accent sur sa transformation intérieure et sa remise en question, prélude à son action de neutralisateur et d’humaniste accueillant les gosses blessés ou abandonnés à eux-mêmes. Malgré une légère exagération dans certains passages – Aki Ra est le meilleur -, l’authenticité se fait sentir à chaque page et il est difficile de rester indifférent au parcours de cet homme qui force l’admiration et la sympathie. L’ensemble est porté par le trait réaliste de l’auteur qui parvient à donner une bonne idée du Cambodge, tant durant la guerre que lorsque la paix a été rétablie. Le dessin joue sur les expressions des visages, les attitudes, et les plans afin de rendre aux mieux toute l’intensité des moments.
Voici un titre sur lequel on s’attardera car riche et intéressant à bien des égards. A découvrir, après avoir (re)lu Impasse et rouge de Séra.
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