A
rrachée à la guerre qui se trame au Vietnâm, Linh est rapatriée par Paul – son père - vers Paris. L’arrivée de cette demi-sœur dont il ignorait tout trouble profondément Jeannot. Ce dernier, en pleine crise d’adolescence, accepte mal la venue de cette étrangère dans le giron familial. Dans le but d’apaiser les tensions, Paul décide d’emmener tout le monde en Auvergne, chez sa mère.
Dans L’été 63, Marc Bourgne ( Frank Lincoln, Dernière frontière) mêle avec beaucoup d’intelligence différents thèmes classiques : l’acceptation de l’autre, l’adolescence et le rôle de la famille. Bourgne s'est particulièrement attaché à créer ses personnages crédibles. Le résultat rend bien compte de ce travail préparatoire. Paul, très inquiet pour ses enfants, hésite en permanence entre douceur et fermeté. Jeannot, véritable tête de mule de seize ans, reprend la description traditionnelle de l’adolescent : incompréhension et mal de vivre. Linh, encore sous le choc des évènements violents dont elle a été le témoin, découvre peu à peu son nouvel environnement. Ce processus, fait de hauts et de bas, est toujours montré d’une façon très convaincante. Petit bémol : le rythme parfois très lent. Le scénariste – sans doute dans un souci de précision – s’attache avec un peu trop d’insistance à décrire différents éléments narratifs déjà bien établis.
Le gaspésien Voro (Tard dans la nuit) recrée avec beaucoup d’aisance aussi bien l’atmosphère du Paris des années 60 que celle de la campagne auvergnate. Son dessin et sa réalisation font beaucoup penser aux travaux de Jean-Pierre Gibrat. L’esprit est peut-être le même, mais Voro possède un style bien posé et un sens de la construction très solide.
Premier tome prometteur, L’été 63 ne bouleverse pas les genres établis et offre un bon moment de lecture... estivale.
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