Q
uand on l’a vue une fois, elle ne vous quitte plus. Vous arrivez à la distancer mais jamais pour très longtemps. Elle rôde, elle cherche sa prochaine proie. Joe Egan, est-ce toi le suivant ? Peut-être... Tu as beau fuir, te cacher, te perdre dans des nuits de poker enfumées elle sera toujours sur tes talons, prête à saisir sa future victime.
La collection Rivages/Casterman/Noir s’enrichit d’une nouvelle adaptation. Après Dennis Lehanne ( Shutter island ), Pierre Pelot ( Pauvres zhéros ), Donald Westlake ( Pierre qui roule ), etc. c’est Marc Behm qui voit la mise en image d’un de ses romans. Trouille convient admirablement à la mise en scène imaginée par Joe Giusto Pinelli (Poisson chat, Une magnifique journée, etc.). Car la notion de découpage est ici abandonnée au profit d’un cadrage plus cinématographique. Absence totale de case et de bord de page, les planches sont des successions de plans entremêlés les uns aux autres, le plus souvent par des dégradés de couleurs. Le gris du ciel et de la mer se confondant dans une transition en "fondu" comme on dit dans le 7e art. A l’instar d’un Will Eisner, pour la forme mais pas pour le trait, qui s’est affranchi du carcan de la bande dessinée dite classique pour donner naissance au roman graphique, Joe G. Pinelli transcende le genre en réalisant des enchaînements indissociables. L’impression rendue renforce l’atmosphère sombre et angoissante en ne laissant aucun répit au regard. On ne cesse de chercher la faucheuse, puisque c’est d’elle dont il s’agit, omniprésente, surgissant à chaque coin de page dans les ombres des décors désolés de la solitude de Joe Egan. Car si la mort rôde, l’isolement est également au centre du récit, conséquence directe de l’errance et de la fuite imposée par la peur d’entraîner des proches au sein d’une malédiction qui semble indécrochable. Le héros tente de se perdre dans des parties de poker enfumées, ambiance typique du polar noir américain, espérant ainsi échapper à son destin ou tout simplement l’oublier.
La lecture est rapide. Les tableaux successifs sont parcourus comme on dévale un escalier quatre à quatre, les dessins remplaçant les marches. La progression est ralentie par une voix off omniprésente, qui ne parvient pas à enrayer le léger goût de précipitation ou de trop peu. L’adaptation a souvent ses revers…
Un auteur de polar noir décédé et une paire d’auteurs qui essayent de retranscrire son roman sur le format de la bande dessinée. Il n’y aura pas de dialogues, ni de bulles mais une narration pesante qui va nous expliquer le parcours d’un garçon qui va croiser différents personnages au cours de sa vie.
J’avoue ne pas avoir compris le propos. La narration est pourtant bavarde mais elle n’entre pas dans le détail. Aussi, on sera vite perdu entre des images qui expriment une idée et un texte qui s’envole dans une poésie lyrique. Au final, je n’ai pas compris grand-chose à l’histoire. Pour autant, j’ai apprécié la douceur du trait ainsi que la reconstitution d’une certaine ambiance un peu mélancolique. Bref, cela a sans conteste du style. A quoi bon si ce n’est pas au service d’un scénario pour le moins structuré ?
Au final, on pourra passer son chemin à moins de le vouloir vraiment. C'est juste un conseil.
Déçu par cet album !
Surtout que j'apprécie cette collection.
Mais, ici pas grand chose à se mettre sous la dent, l'histoire se lit rapidement et l'on ne voit pas où l'auteur souhaite nous amener.
Tout s'y déroule sans profondeur. L'ambiance est différente puisque crayonnée ce qui apporte une touche d'originalité.
La nouvelle, puisque je préume que c'est là d'où ça vient doit être plus étoffée, concise. Ici, on lit rapidement et on oublie...rapidement. Rabattez-vous dans cette collection sur Shutter Island.