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réquentant la prestigieuse Académie impériale qui reçoit les enfants des familles les plus riches et les plus influentes, Hainé Otomiya n’a d’yeux que pour « l’Empereur », alias Shizumasa Tôgu, le président des élèves, qu’elle avait rencontré plus jeune. Son statut de « Bronze », échelon inférieur du système de classement l’empêche a priori d’accéder aux fonctions qui lui permettraient de se rapprocher de l’objet de sa flamme, jusqu’au jour où, en pleine réunion, elle repousse une attaque de la bande des « Hérétiques ». Appuyée par Maora, elle intègre le Conseil des élèves comme gardienne de Shizumasa, mais doit rapidement faire face à l’hostilité du jeune homme qui semble la détester et aux rumeurs qui révèlent son passé de délinquante ainsi que son adoption par les Otomiya pour relever les affaires de son père.
Après Full Moon, Arina Tanemura revient dans le catalogue de Kana avec The Gentlemen’s alliance Cross, une série évoquant le pouvoir de l’argent et les magouilles qu’il entraîne dans les coulisses d’un lycée ultra-huppé, sur fond de romance à sens unique – pour le moment. Arrangements, coups bas, manigances en tous genres, de même que pression du journal de l’école, c’est ce que découvre, non sans un certain atterrement suivi d’un lot de questions, son héroïne à la fois pétulante et en quête de confiance. Hainé est en effet une adolescente blessée par une sombre histoire familiale, complexée par les difficultés financières de ses parents adoptifs, légèrement honteuse de l’époque où elle jouait les loubardes pour exprimer son mal-être, et cependant vive, souriante, un peu rêveuse et d’un franc-parler qui en bouscule plus d’un. Autant d’aspects que l’auteure distille au fil des deux tomes et rendent la jeune fille rapidement attachante, tout en étoffant le scénario. Le récit doit beaucoup également à la sympathie dégagée par la majorité des autres protagonistes, exception faite de Shizumasa dont le beau minois n’atténue guère la froideur et les calculs. L’aura de mystère qui l’entoure, ainsi que le souvenir, bien meilleur, qu’en a l’héroïne, entretiennent la curiosité et amènent à s’interroger, au fil des pages, sur la nature exacte de son étrange aversion envers Hainé. Parsemée de pointes d’humour, l’histoire est bien rythmée et développée avec soin. Cependant, certains éléments sont traités trop rapidement à l’instar de l’affaire autour des « Hérétiques » dont le dénouement laisse insatisfait et semble artificiel. Le graphisme d’Anera Tanemura, typique du shojo, fait la part belle aux visages expressifs, aux trames ainsi qu’à un design accrocheur des personnages et des costumes. Il joue aussi largement sur l'utilisation des dessins super-déformés dans certaines scènes pour ajouter une touche comique supplémentaire.
De bonne facture, les deux premiers tomes de The Gentelmen’s alliance Cross lancent une intrigue qui se lit avec plaisir et plaira sans doute au public d’adolescentes visé. La douceur du prix de lancement constitue en outre un bon argument pour se laisser tenter.
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