C
ela commence comme une énième bande dessinée de genre, du « Z » en puissance, tendance S.F. conspirationniste et complexe militaro-industriel. Une photographe dans le désert californien – le Nevada n’est pas loin, la zone 51 non plus – est le témoin d’une soudaine explosion. A l’éclair succède une étrange pluie de métal liquide à laquelle Julie Martin ne peut échapper. Sa poitrine – l’argument scénaristique est habile et permet nombre de… rebondissements – est bientôt recouverte d’une fine pellicule grise dont la jeune femme ne peut se débarrasser. Alors que l’armée et la sécurité nationale se lancent à ses trousses, il apparaît que le liquide métallique est extrait d'une combinaison symbiotique alimentée au plutonium 21. Julie Martin s’est donc faite bombe atomique ambulante. Pour reprendre quelques unes des expressions imagées qui émaillent l’album, Julie est « en train de devenir un putain de robot ». En bref, si elle n’a pas les yeux revolver, elle a « les nichons qui tuent ».
Évidemment, une telle présentation n’est pas dépourvue d’intérêt, comme en atteste une couverture pour le moins aguicheuse. Elle n’en est pas moins réductrice. En fait, ce serait même oublier l’essentiel : Echo est signé Terry Moore et cela change tout. L’auteur de Strangers in Paradise – SiP pour les intimes – s’est fait une spécialité : l’introduction de la touche dite « Harlequin » dans la bande dessinée. Attention, il ne s’agit pas du dernier avatar typé Barbara Cartland ou du millième épisode du « roman-savon » préféré de mamie. En la matière, Moore est un maître ès dosage. Il s’agit plutôt de distiller, au sein du thriller le plus improbable, l’émotion la plus juste, quitte à laisser s’épancher les personnages, laisser un temps l’action de côté. En un mot : créer l’empathie. Comme à l'accoutumée chez le scénariste, l’amour guette et le reste n’est qu’accessoire.
Une pause simplement avant de repartir de plus belle ? Rien n’est moins sûr tant Terry Moore aime développer le caractère de ses héroïnes, s’attacher à leurs difficultés comme à s’attarder sur la complexité des relations humaines. Il y parvient d'ailleurs à merveille : protagonistes attachants, seconds rôles truculents, dialogues enlevés, onomatopées à foison, quand la narration, claire et dynamique, est prompte à changer de style ou de rythme pour s’accorder au ton du récit. Les récitatifs succèdent aux dialogues ; la dérision, l’humour côtoient la souffrance et les larmes. Le tout est servi par un dessin réaliste en noir et blanc particulièrement expressif qui s’inscrit, à l'image du traitement narratif, dans la veine des travaux des frères Hernandez (Love & Rockets).
A la réflexion, à l’image de cette pluie providentielle de métal, sans attendre les oracles ni même consulter la pythie, Echo s’annonce déjà sous les meilleurs augures. La comédie romantique d’action a de beaux jours devant elle.
Julie Martin est en train de prendre des photos en plein désert californien lorsque sa vie bascule. Une explosion se produit dans le ciel, au dessus d'elle, qui dégage de petites gouttes de métal en fusion. La mystérieuse substance va alors se coller à la peau de Julie, sans que celle-ci puisse la retirer. Recouverte partiellement de cette nouvelle peau dotée de pouvoirs surprenants, Julie se retrouve mêlée à une sinistre conspiration... "Echo" démarre de façon très satisfaisante. L'intrigue, si elle reste assez simple pour le moment, sur fond de complot gouvernemental secret classique, n'en reste pas moins très efficace et prenante. Le dessin est superbe, dans un noir et blanc vraiment très classe. Ça manque un peu d'action pour le moment mais pour un premier tome c'est très réussi.
Après Walking Dead, ma grosse découverte au niveau du Comic's.
Un scénario génial (qui fait penser sur le fond à la naissance de Venom dans Amazing Spider-Man concernant le symbiote qui se colle à la peau).
Un dessin qui fait un peu penser à Manara (le gros barman barbu entre autres). Bref pour moi du tout bon à ne pas rater.