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aute de gagner suffisamment d’argent pour élever seule ses deux fils à Hiroshima, Hideko envoie le plus jeune à la campagne pour qu’il vive avec sa grand-mère. Petit citadin arraché brutalement à son foyer, Akihiro peine d’abord à s’adapter mais s’aperçoit vite que son aïeule n’est pas une personne ordinaire. A son contact, il apprend à se débrouiller avec le peu qu’il a, à utiliser tout ce que la nature lui offre et à prendre en considération un bon sens que rien ne vient perturber.
Une sacrée mamie adapte le roman autobiographique de Yoshichi Simada, un célèbre comique japonais qui y narrait sa propre enfance à Saga à la fin des années cinquante. A travers une multitude d’anecdotes réalistes, ce premier tome plonge le lecteur dans la réalité quotidienne d’un jeune garçon placée chez une parente et qui découvre une autre existence, rurale, difficile, souvent frugale mais où la solidarité comme l’humanité des relations ne sont pas de vains mots. Le récit est rythmé par les découvertes d’Akihiro, ses enthousiasmes, ses déconvenues, ses craintes et ses joies. Il suit également le développement de la complicité qui naît entre le garçon et sa grand-mère à l’humour rosse, ainsi que la façon dont l’enfant apprend petit à petit à suivre le modèle montré par son aînée, malgré sa honte au début. Ainsi, comme elle, s’attache-t-il une corde lestée d’un aimant autour des reins afin d’amasser la ferraille et d’en récupérer quelques sous, ce qui, il le sait bien, souligne aux yeux des autres – particulièrement de ses camarades – sa pauvreté. Grâce aux situations authentiques qu’il affronte, le petit bout d’homme devient vite attachant à la fois par son ingénuité pleine de fraîcheur et ses réactions si typiques à l’enfance. L’histoire doit aussi beaucoup au trait réaliste autant qu’expressif de Saburo Ishikawa qui rend merveilleusement la palette des sentiments et s’attache aux détails des décors.
Cette nouvelle série proposée par Delcourt mettant l’accent sur la nature et les liens humains est un petit bijou bien agréable à lire. Rien que la manière dont l’aïeule joviale parvient à répondre à chaque question ou à chaque nécessité, cet album vaut la peine.
« - Mamie, j’ai faim !
- Allons, tu te fais des idées. »
Ce manga est l'un que je compte dans mes mangas préférés. Aussi je pense qu'il mérite au moins d'être lu une fois.