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on. MC et MD ne sont pas les nouvelles chanteuses des Spice Girls. Ce sont deux sœurs jumelles, la soixantaine, vivant à Paris sous le même toit. Un peu guindées, tirées à quatre épingles, elles ont aussi leur côté pingre, n’hésitant pas à plonger la main dans les poubelles afin de dénicher quelques vêtements ou autres breloques destinées à meubler leur appartement. Cet art de vivre, MC en a fait un livre qu’elle est sur le point de dédicacer au "Café des Roses". Ce n’est pas encore le Drouant, mais le trac est là, d’autant que l’endroit est fréquenté par des personnages plutôt étranges. Au même moment, une série de décès de femmes argentées a lieu dans le quartier. Simple coïncidence ou meurtres déguisés ? Les deux frangines mènent l’enquête.
La lecture de la biographie de Dominique Corbasson permet de découvrir deux choses : elle a été styliste de mode pendant 8 ans et elle est désormais illustratrice pour la presse, la publicité et la jeunesse. Les sœurs Corbi semble s'inspirer directement de son parcours professionnel. Malgré leur âge, les jumelles pourraient ressembler à deux mannequins venues présenter les dernières créations d’une grande marque. Le chignon porté haut leur donne de faux airs de bourgeoises tandis que leur candeur, leur maladresse, mais aussi leur philanthropie, accentuent l’impression de lire une nouvelle issue de la bande dessinée bien-pensante des années 60, à côté de Benoît Brisefer, La Patrouille des Castors ou même Tintin. Ce côté rétro a du charme, certes, mais n’efface en rien la déception d’un scénario très simpliste. L’intrigue n’a rien d’original, et la brève apparition d’une "Madame Irma" locale et d’un étrange capitaine, le tout sous fond de séances de spiritisme qui auraient du mal à réveiller un mort, ne parvient pas à relever l’intérêt. L’intérêt ? Il est ailleurs : pouvoir se replonger pendant quelques minutes dans les lectures d’autrefois en goûtant à une madeleine qui rappelle l’odeur des hebdos de l’époque.
Pour les autres, les "pas assez nostalgiques" ou les "trop jeunes", il sera difficile de se laisser tenter. Le dessin élégant et les couleurs pastel de Dominique Corbasson n’y feront rien. L’auteure use du contre-pied, mélange les genres, efface les barrières de l’âge. Mais là où le charme devait opérer, il ne subsiste finalement qu’une histoire convenue et plutôt kitsch.
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