S
oleil brûlant sur étendue désertique. Course folle d'un homme apeuré. Un homme ? Non, plutôt une bête sauvage, un être désespéré, rejeté par les siens, battu, abandonné, laissé pour mort. Sans pitié, la vie d'un monde primitif. Sans remords, les hordes affamées qui luttent pour la survie. Et soudain, une pluie miraculeuse de cristaux, apportant l'espoir d'une existence plus simple. Et pourquoi pas d'une vie intelligente ?
Entrée en matière plutôt absconse, ou comment dérouter au 12e volume d'une série. L'illusion de se replonger, l'espace d'un instant, dans l'univers d'Arthur C. Clarke, n'y change rien : le monde d'Andreas n'appartient qu'à lui seul. Tout l'épisode se déroule dans Arq et l'auteur parvient de nouveau à déjouer toutes les suppositions. Le brouillage de cartes doit être une manie. À moins que ce ne soit une bénédiction, en tout cas pour le lecteur soucieux d'accompagner la lecture d'une dose de réflexion.
Lent, le rythme l'est sans aucun doute. D'autant qu'Andreas, outrage suprême, a l'insolence de prendre tout son temps, de s'autoriser de larges illustrations – superbes de sobriété, et d'une parfaite maîtrise, comme toujours – au lieu de parer au plus pressé, c'est-à-dire satisfaire la curiosité grandissante du lecteur. Les révélations sont bien présentes, c'est une certitude, mais de nouveaux mystères s'y substituent inlassablement. Alors que l'origine d'Arq se découvre quelque peu, de nouvelles questions se posent sur cette même origine. Alors que les personnages plongés dans Arq pensent enfin comprendre leur nouvel univers, celui-ci se plaît à changer de forme. Et ainsi de suite.
Cercle vicieux ? Boucle sans fin ? Impasse pour un auteur trop présomptueux ? Jusqu'où ira-t-il, ce diable d'Andreas ? Jusqu'à nous perdre ? Jusqu'à se perdre ? Certainement pas. D'où vient telle certitude ? D'un schéma qui se dessine malgré tout, malgré la folie, malgré le voile. Et d'une évidence, celle que jamais l'auteur n'a réellement déçu, d'autant moins quand le projet est si ambitieux.
Fin de cycle avec ce nouvel album. L'occasion de respirer, de faire le point. Où en est-on vraiment ? Parfois, tout semble clair. Parfois, c'est à n'y plus rien comprendre. Les certitudes d'hier font les doutes de demain. Misère, et dire qu'il reste encore six tomes à Andreas pour tout compliquer...
Après un tome 11 qui mettait en scène à peu près tous les protagonistes connus depuis le début de cette série incroyable et qui proposait différents schémas de scénarios possibles, Andreas brouille une nouvelle fois les pistes en nous concoctant un épisode se déroulant entièrement dans ARQ. Un album superbe graphiquement, avec des scènes très esthétiques (entre autres les aventures préhistoriques ou la grande bataille ayant lieu à la fin de l'album) et qui une nouvelle fois apporte son lot de surprises, la non des moindres étant l'explication de l'origine de l'Humanité par Andreas, et par là-même les révélations sur l'origine d'ARQ ! Enfin, l'album se termine sur un coup de théâtre qui aura des répercussions immenses sur la suite de la série. Un tome 12 vraiment excellent, donc.