T
oute l’île est désormais ravagée par la maladie. Les trois amis, dont les chemins se sont brusquement séparés, n’y ont pas échappé. Initsii, princesse des Syyanas, dont le père essaie par tous les moyens, même les plus ignobles, de la sauver. Hutatsu, tombé entre les mains des conquistadores et qui va leur révéler la terrible trahison d’Abatirso. Dathcino, enfin, qui sert de cobaye aux médecins tentant vainement d’enrayer le fléau. Trois destins qui se rejoignent dans une lutte acharnée contre l’envahisseur, mais aussi pour redonner à un peuple sa fierté et le goût de la liberté.
Les premières pages de "Todos Enfermos !" donnent immédiatement le ton : des nouveaux-nés sont sacrifiés et vidés de leur sang afin de sauver la fille de Pavo-Caltan, roi des Syyanas. Une cruauté dont les moindres détails sont évoqués, conférant au récit une parfaite authenticité. Car sous des allures de récit historique relatant avec précision l’invasion espagnole d’une île proche du Nouveau Monde, Helldorado est avant tout une fiction qui permet à Jean-David Morvan de rester à l’écart de la version officielle. Les conquistadores sont devenus les matadors tandis que le peuple occupé ressemble à s’y méprendre aux Aztèques. Même la maladie, dont les bubons très significatifs infestent les corps contaminés, n’est jamais clairement nommée.
L’histoire n’est pas, à proprement parler, des plus originales et des plus complexes. Surtout, il est dommage que le personnage d’Abatirso, de loin le plus intéressant de la série, n’ait pas été un peu plus fouillé, malgré quelques flashbacks décrivant, trop rarement, son passé sulfureux. Non, s’il faut trouver un véritable intérêt pour Helldorado, ce sera certainement pour le travail remarquable d’Ignacio Noé, qui parvient à dépeindre parfaitement les ambiances chaudes et tropicales. Une mise en images qui permet au lecteur de se plonger au cœur d’un récit manquant parfois d’un peu de saveur malgré des scènes très crues.
Les dernières pages de "Todos Enfermos !" laissent envisager une suite à ce premier cycle. Pour l’heure, il faudra se contenter de trois albums de bonne facture, au graphisme irréprochable, mais dont le scénario aurait peut-être mérité un peu plus de relief.
Lire la chronique du tome 1
Poster un avis sur cet album