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l’heure de fêter ses 40 ans, Gaspard de Saint Amand est un chef d’entreprise épanoui mais aussi un homme puissant, appartenant au gratin de la société new yorkaise. Beau gosse, arrogant, il dirige de main de fer l’empire industriel qui a fait son succès. Alors, quand son médecin lui annonce qu’il n’a plus que quelques mois à vivre, tout s’effondre autour de lui. Son avenir s’étant subitement assombri, c’est vers son passé qu’il va se retourner : un amour perdu, un frère qu’il n’a pas revu depuis 10 ans... Tant de choses à rattraper. Son dernier plaisir sera de (re)vivre par procuration cette idylle avec Anna, par l’intermédiaire de Mathieu. Une mise en scène dont il est l’auteur, à moins que quelqu’un d’autre ne tire, lui aussi, les ficelles.
Il y a deux façons d’aborder Paris – New York New York – Paris. La première consiste à se laisser porter par le traitement graphique et narratif, très original, de l’auteur. Le récit est en effet découpé en trois parties qui correspondent aux points de vue différents des principaux protagonistes, Gaspard, Anna et Mathieu. A chacun de ces chapitres est associée une unique couleur, qui tranche avec le noir et blanc, symbolisant l’argent, l’amour ou l’espoir. Ce concept de perspectives contradictoires, déjà utilisé par exemple dans Berceuse assassine, est plutôt bien maîtrisé par Raphaël Drommelschlager.
En revanche, la deuxième façon d’aborder l’album est sans doute d’être confronté, dès les premières pages, à certaines lacunes scénaristiques qui viennent malheureusement gâcher, en grande partie, le plaisir de lecture. A moins d’être complètement envoûté par le charme du dessin, il est tout de même difficile de ne pas deviner, très et trop rapidement, ce qui se trame dans l’entourage de Gaspard. Dès lors, le reste du récit a pour unique vocation de parfaire certains détails, ce qui est plutôt dommage pour une intrigue basée avant tout sur le suspense. Il faut aussi regretter, parfois, les attitudes ou les réactions des personnages qui manquent de naturel, donnant une impression de fausseté, propre à certains téléfilms quelconques.
Paris – New York New- York Paris aurait pu être un beau cadeau avec son emballage soigné, ses couleurs, peu nombreuses, mais remarquablement utilisées. La déception est d’autant plus grande, une fois l’objet mis à nu. Car en lieu et place du présent tant convoité se trouve désormais une très jolie coquille vide.
Il y a incontestablement quelque chose qui me rappelle les 3 tomes de Berceuse assassine où il y avait une variation de la même histoire par trois personnes différentes. Nous avons rigoureusement le même principe. Trois personnages et même la ville de New-York est similaire. Difficile dans ces conditions de ne pas opérer un rapprochement.
Par ailleurs, il y a tout une histoire à la Largo Winch avec un véritable empire commercial (ici dans le luxe) qui attire bien des convoitises. On a réellement le sentiment que les influences sont diverses mais un peu communes. C’est clair que dans ces conditions, le lecteur est en droit d’attendre un peu d’originalité.
Le récit se suit très bien et c’est même très ingénieux dans sa construction. Cependant, tout semble sacrifier pour cette même construction rendant un peu artificiel les sentiments des personnages bien campés dans leur rôle respectif. Je pense également que le choix de la couverture n’est pas du tout judicieux.
Bref, tout cela est dommage car nous avons une bonne histoire agréable à lire. Pas de prise de tête !
Gaspard de St-Armand, français installé à New-York pour y faire sa société, puissant, beau gosse arrogant et méprisable, apprend pour ses 40 ans qu'une tumeur au cerveau lui laisse six mois. Électrochoc ! Le face à face dans le miroir est brutal et cruel : qu'a t-il fait toutes ces années à part n'avoir vécu que pour son business, qu'a t-il sacrifié, fuit et perdu ? Son passé et les -mauvaises- raisons qui l'ont exilés aux USA lui reviennent à la figure comme une gifle. Quel gâchis! Se pourrait-il pourtant que dans ce court temps qu'il lui reste, il puisse réparer certaines choses, renouer avec son frère, retrouver celle qu'il aimait tant ? Se lançant avec toute son énergie dans cette quête, malgré le traitement médical qui l'épuise de plus en plus, Gaspard va mettre au point un plan compliqué pour arriver à ses fins, et ne se doute pas un instant que malgré ses certitudes, ce n'est pas lui qui mène la baguette.
Bon coté dessin c'est pas terrible, trop simple, trop figé, mais c'est correct. Le découpage de l'histoire en trois partie est originale : chaque partie étant le point de vue de chacun des personnages principaux. Quant au scénario il est vraiment bien, je ne l'ai pas trouvé facile à deviner à l'avance et il ne manque pas d'idée. Une bonne BD qui ne laisse pas indifférent quand on sait qu'à tout moment, c'est vrai, malgré l'insouciance de la vie, le sort peut frapper.