A
près une enquête plutôt mouvementée en République Centrafricaine, Kazimir Doen, alias Kaz’ pour les intimes, s’attendait très certainement à une promenade de santé en Californie. Le deuxième tableau de Boskovitch qu’il doit récupérer, le Carré Rouge, est censé appartenir à un riche exploitant vinicole américain. Tout commence d’ailleurs plutôt bien pour le détective : un vol sans histoire, un ciel immaculé lors de sa descente d’avion à San Francisco, une virée en grosse cylindrée, un hamburger frites à rendre vert de jalousie les habitués de McDonald’s… Bref, un séjour qui semble démarrer sous les meilleurs auspices… jusqu’à son arrivée dans le chai du domaine des Coonvart où l’attend un comité d’accueil plutôt glacial puisque trois cadavres jonchent le sol, dont les propriétaires des lieux. Envolés les projets de vacances peinardes pour Kaz’. Il doit, pour l’heure, échapper à un tueur qui joue les pots de colle, mais aussi résoudre l’énigme du meurtre de ses hôtes pour caresser l’espoir de mettre la main sur le tableau convoité.
Le premier tome des Carrés, s’il n’était pas exempt de défauts, avait permis de faire la connaissance d’un personnage attachant, au passé trouble et de s’immerger dans un domaine assez original, celui de la résolution d’enquêtes dans le domaine de l’Art. Enfin, il était facile d'imaginer que la rédemption de Kaz’ passerait nécessairement par la récupération des trois tableaux de Bockovitch, du Carré Noir au Carré Blanc, de l’ombre à la lumière. C’est ce cheminement personnel et métaphorique qui apportait le principal intérêt de cette série prévue en trois tomes. Dans le deuxième opus, pourtant, la recherche du Carré Rouge et l’élucidation de l’assassinat des Coonvart sont les seuls sujets abordés par les auteurs. Le passé de Kaz’, qui aurait pu donner un peu de consistance et de piment à l’album, est à peine effleuré. L’homme redevient ordinaire, le récit également.
Bien sûr, quelques éléments laissent entrevoir une amélioration dans le comportement du détective, une envie de goûter à nouveau aux plaisirs de la vie dont la belle Mathilda n’est pas étrangère. Est présente également toute une symbolique liée au rouge, de la couleur du Golden Gate Bridge à celle de la Ferrari de Simon, ou du vin californien mélangé au sang des victimes. Et si l’enquête proprement dite est loin d’être désagréable, certaines facilités scénaristiques, déjà présentes dans le tome précédent, viennent ponctuellement gâcher le plaisir.
Parler d’album de transition pour un triptyque est sans doute un abus de langage ou traduit un optimisme démesuré. C’est néanmoins le seul espoir de découvrir un dernier opus à la hauteur des attentes du premier.
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