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ui de Jules Verne ou de son fils, Michel, a écrit La journée d’un journaliste américain en 2889 ? Aujourd’hui encore, les plus éminents spécialistes ont du mal à s’accorder sur la paternité de cette nouvelle, parue pour la première fois dans la revue américaine "The Forum" en 1889. Heureusement, Monsieur Vandermeulen (alias David Vandermeulen), maître dans l’art de la "vulgarisation culturelle expérimentale", apporte, dans un dossier pédagogique situé en fin d’album, un éclairage nouveau sur cette question épineuse. Par la même occasion, il inaugure après Littérature pour tous, sa nouvelle série baptisée "Science-fiction pour tous".
Dans ce court récit d’une trentaine de pages, le lecteur suit la journée type d’un homme, Francis Bennet, devenu magnat de la presse. Au 29e siècle, le quatrième pouvoir est désormais tout puissant. Tous les chefs d’État se pressent aux portes du Earth Herald pour espérer bénéficier d’un entrefilet lu et entendu par des centaines de millions de personnes. C’est aussi l’occasion d’apprécier les innombrables progrès technologiques imaginés par Jules (ou Michel) Verne, des projets les plus farfelus, à ceux beaucoup plus réalistes et incroyablement visionnaires pour l’époque, dont le téléphote, moyen de communication visuel. L’adaptation de Monsieur Vandermeulen reste fidèle à l’original avec cependant quelques petits ajustements. Par exemple, la dilatation de l’estomac du Président Wilcox s’est transformée en hémorroïdes, tandis le célèbre japonais, Aruziswa-Riochi-Nichome-Sanjukamboz-Kio-Baski-Kû, inventeur de la photographie couleur au 20ème siècle, n’apparaît plus. Car cette nouvelle n’est pas dénuée d’humour, visant autant à amuser qu’à critiquer, déjà, l’absurdité d’un monde ultramoderne. Un humour très bien rendu par le dessin de Guillaume Verse qui parvient à caricaturer les personnages sans pour autant tomber dans le grandguignolesque. La bichromie donne un côté vieillot à l’ensemble, renforçant également l’effet "Steampunk".
La journée d’un journaliste américain en 2889 est avant tout un album distrayant et ludique. Mais il apporte aussi une petite touche culturelle d’autant plus agréable qu’elle est servie avec gaieté et fantaisie. Et surtout elle permet de se faire une idée à propos de cette incroyable question existentielle : Jules ou Michel ?
Il y a tout d'abord un débat sur la paternité de cette oeuvre qui fut écrite il y a très longtemps en 1888. On a d'abord pensé à l'auteur de science-fiction français le plus traduit dans le monde à savoir Jules Verne.
Cependant, les auteurs ont fait des recherches et attribué cette nouvelle à son fils Michel Verne qui a subi toute sa vie l'ombre de son père pour qui la garantie d'une popularité comptait plus que l'épanouissement de son fils. Or, le père aimait bien s'approprier les idées de son fils et les exploiter à sa manière...
Cette nouvelle raconte la journée d'un journaliste américain en 2889 ou plus exactement celle d'un magnat de l'information Francis Bennett au coeur de son empire médiatique.
Il est alors très intéressant de voir le monde imaginé par cet écrivain inconnu du public. Nous avons tous les chefs d'état de la planète qui se pressent au portillon de la presse qui est désormais devenu toute puissante. On fait désormais des guerres pour être à la une du "Earth Herald" !
Il est également intéressant de voir que ce visionnaire avait déjà imaginé une sorte de webcam. Il y a également de la publicité projetée sur les nuages : cela n'existe pas encore. Nous avons également droit à des préparations d’aliments aseptiques envoyés à domicile. Il avait également imaginé la régulation des naissances en Chine. Bref, c'est une véritable pépite d'informations diverses dans tous les domaines.
La bd n'est pas géniale en soi sur la forme. Il n'y a pas non plus d'aventures extraordinaires palpitantes. C'est purement "littéraire". On doit la lire pour apprécier les idées imaginées en 1888 sur un monde en 2889 soit mille an après. Cela paraît presque comme une prophétie des années à venir. A découvrir.