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e nos jours, c’est le cœur lourd que Wolverine revient au Japon afin d’en découdre avec les fantômes du passé. Soixante ans plus tôt, alors que le monde entier retient son souffle, Logan est prisonnier de guerre dans un camp japonais situé près de la ville de Hiroshima. En s’échappant en compagnie d’un soldat américain, il croise le chemin d’Atsuko, une jolie veuve qui hante ses souvenirs depuis qu’il a retrouvé cette mémoire qui lui faisait défaut.
Ce Graphic Novel, signé Brian K. Vaughan et Eduardo Risso, regroupe les trois épisodes de la mini-série Logan et emmène le mutant aux griffes acérées en territoire connu : le Japon !
En situant ses flashbacks au pays du soleil levant, quelques jours avant le passage d’Enola Gay, le scénariste de Y le dernier homme utilise cette page sombre de l’Histoire afin de d’explorer le passé du personnage. Car si l’album débute par la quête vengeresse du plus redoutable des X-men, c’est principalement Logan, l’homme, qui foule les terres irradiés du Japon et non le prédateur au squelette d'adamantium. Même si le thème du "super-héros souffrant de la perte des femmes qu’il a aimées" n’est pas neuf dans l’univers des comics, la rencontre avec Atsuko permet aux auteurs de livrer un portrait plus humain de l’assassin griffu. Malgré une légendaire indestructibilité, démontrée ici de manière irréfutable, les douleurs psychologiques du mutant doté d'un précieux facteur autoguérisseur ne semblent en effet pas guérir aussi vite que ses blessures physiques. Si cette brève histoire d’amour parvient à renforcer l’empathie vis-à-vis de la machine à tuer qu’est Wolverine, l’ennemi qu’il doit affronter est cependant loin d’être inoubliable et le scénario demeure un brin trop léger pour être considéré comme incontournable.
Au niveau du graphisme, le travail d’Eduardo Risso (100 bullets) est par contre assez irréprochable. D’un trait rugueux, non-dénué de finesse, le dessinateur argentin met parfaitement en valeur ce surhumain aux griffes rétractables, tout en soignant particulièrement les décors. Si le dessin noir et blanc de Risso peut aisément se passer de couleurs, les teintes harmonieuses de Dean White procurent encore plus de force au cadre japonais et plongent les souvenirs torturés de Logan dans une atmosphère légèrement surréaliste.
Si cette incursion trop rapide au cœur de l’histoire d’Hiroshima marque l’esprit de Wolvie de manière indélébile, tout en proposant un graphisme splendide et une narration efficace, le scénario en demi-teinte ne restera malheureusement pas gravé dans les mémoires. Le prix de vente du recueil par contre …
C’est après avoir revu le film "Wolverine : Le Combat de l'immortel", réalisé par James Mangold et sorti en 2013, que je me suis replongé dans les deux comics qui l’ont inspiré. Le film est surtout inspiré de la première aventure en solo de Wolverine au Japon par Chris Claremont et Frank Miller en 1982 (rééditée récemment avec une très jolie couverture de Mathieu Lauffray à l’occasion des 20 ans de Panini Comics). Mais les quelques scènes se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale paraissent inspirées de cet album (Logan 2008, #1-3).
Ainsi, Wolverine est prisonnier de guerre, s’échappe bien évidemment, s’entiche brièvement d’une japonaise peu farouche, se dispute avec son compagnon d’infortune aux étranges pouvoirs et les deux en viennent rapidement à s’affronter sous le soleil ardent d’Hiroshima…
Le scénario de Brian K. Vaughan est basique même si l’on sent une petite volonté de faire plus intelligent que les aventures ordinaires du mutant (il faut bien mériter un minimum la collection Marvel Graphic Novels). De toutes façons, sur trois épisodes pour un total d’une grosse soixantaine de pages – dont près d’un tiers passé à se battre –, il n’y avait guère la place pour développer l’intrigue ou la personnalité de Wolverine. Ça se lit en dix minutes, quinze si l’on s’attarde un peu sur le dessin si particulier d’Eduardo Risso, et c’est très moyen.