C
'était un sacré bon flic. Et voilà que sa bonne femme se fait buter par un putain de borgne unijambiste. Et Colt Bingers veut sa vengeance. Il quitte New York sur sa moto à la poursuite de l'enfant de salaud qui a osé briser sa vie. Sauf que le chemin est long jusqu'à la vérité ; et les borgnes unijambistes sont plus nombreux qu'on peut le penser. Mais il ne lâchera pas l'affaire, non. Il le trouvera. Et ce jour là, il lui fera la peau.
Colt Bingers est une caricature dénonçant avec humour les clichés des films policiers américains. Le héros, solitaire et incompris, est toujours affublé de ses grosses lunettes aux verres fumés. Le FBI traque sans relâche le tueur de borgnes unijambistes qui semble les narguer et utiliser des codes ultra sophistiqués pour choisir ses victimes. Et bien sûr, ils passent toujours à côté de la solution.
L'absurde se mêle joyeusement à la parodie. Le profil du criminel est déjà un bel exemple, mais le fait que Colt trouve toujours des "malvoyants d'un oeil et malmarchants d'un pied" à confondre avec sa proie ajoute à l'aberration de la quête entreprise. Les quiproquos s'enchaînent à grande vitesse, chaque personne succombant sous l'arme du policier se révélant d'une façon ou d'une autre de courageux patriotes.
Le trait de Lionel Chouin se prête à merveille à l'ambiance américaine de ce thriller-qui-n'en-est-pas-un, les mentons volontaires s'allongeant démesurément, les personnages portant des attributs indispensables à tout américain qui se respecte, comme un chapeau de cow-boy ou une barbe blanche pour les plus vieux. Les couleurs de Christophe Bouchard, aux tons ocres comme la poussière du désert ou bleus comme une tombée de nuit menaçante, sont un plus pour l'esprit de la BD.
Pascal Jousselin et ses compères se sont de façon évidente fait plaisir à réaliser cet opus ; plaisir que partage globalement le lecteur. Le comique de répétition représenté par Colt trouvant puis tuant tour à tour une quantité impressionnante de borgnes unijambistes innocents peut cependant paraître un peu lourd sur la fin. De quoi se demander de quoi sera fait le prochain tome, le spectateur n'étant pas prêt à supporter une hécatombe supplémentaire. En attendant, cette "season one" est plaisante et à lire bien sûr au second degré en pensant à touts les clones de films et séries américains qui envahissent depuis plusieurs décennies notre petit écran.
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