L
’heure est aux pleurs pour Mayt dont la grand-mère est décédée. La date de l’inhumation approche et la fillette craint que l’âme de son aïeule ne puisse déjouer les pièges du chemin menant au tribunal d’Osiris, faute d’avoir accès aux formules qui la protégeraient. Elle se tourne donc vers son ami Kheti dont le père est scribe et le supplie d’écrire les phrases magiques sur un parchemin. A la nuit tombée, les enfants pénètrent dans le tombeau, mais il est trop tard : la vieille Néhet momifiée se dresse hors de son sépulcre et les voilà dans l’au-delà. Pour en sortir, ils doivent accompagner l’ancienne à destination et faire face aux dangers du trajet.
Le public connaît la passion d’Isabelle Dethan (Sur les terres d’Horus, Le Tombeau d’Alexandre, Eva aux mains bleues, La maison aux cents portes, etc.) pour l’Egypte. Depuis trois ans, en collaboration avec son compagnon, Mazan, elle s’attache à raconter le pays des pharaons aux plus jeunes à travers Kheti, fils du Nil. Les deux albums déjà parus permettaient de se familiariser avec le monde égyptien antique en proposant des récits rafraîchissants mettant en scène de façon très didactique la vie quotidienne ainsi que des divinités plus ou moins connues dont elle souligne les attributs et caractéristiques. Le troisième volet de la série ne fait pas défaut et s’inscrit complètement dans cette optique, à ce ceci près que l’aventure s’étalera cette fois-ci sur deux tomes.
L’auteur y invite le lecteur à découvrir un élément essentiel de la culture égyptienne : son rapport à la mort et à l’au-delà. La remontée du temps s’accompagne ainsi d’une virée fantastique. L'une permet de cerner quelques rites mortuaires ainsi que l’inégalité demeurant après leur décès entre riches, aux sarcophages pourvus des formules nécessaires à leur passage, et pauvres aussi démunis que de leur vivant. L'autre dévoile l’entre deux mondes, sa faune, ses périls, contenus et commentés dans les fameux rouleaux, aussi appelés « livres des morts », trouvés sur les momies et étudiés par les égyptologues, dont, néanmoins, le public ignore généralement le contenu. Après quelques pages de mise en situation, Mémé Néhet entraîne dans un périple haut en couleurs et dans lequel fourmillent les embûches. Très rythmée, l’histoire amène les personnages à croiser, entre autres, une femme sycomore aux fruits inoffensifs pour les seuls défunts, de turbulents singes ou, encore, à traverser une rivière qui bout. En l’espace de trente-deux pages, le lecteur est si bien tenu en haleine que lorsque le cliffhanger survient, une intense frustration et un fort désir de lire la suite se font sentir. Accompagnant le récit, le dessin au trait arrondi et les couleurs tendres de Mazan restituent avec douceur et dynamisme une atmosphère pleine de charme et de fraîcheur, qui constitue un des atouts de la série.
Une nouvelle fois, Kheti, fils du Nil se révèle enthousiasmant aussi bien pour le public jeunesse que pour les plus grands. Rendez-vous est pris avec le prochain album.
>>> Lire la chronique du tome 1 de Kheti, fils du Nil
>>> Lire la chronique du tome 2
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