L
e lycée fête son centenaire et c’est l’occasion pour les anciens élèves de se retrouver autour de leurs souvenirs, bons et mauvais. Long cortège de copains se remémorant leurs frasques ou tentant de nouer enfin des liens dignes de ce nom. Amourettes de jeunesse, rendez-vous manqués, les rencontres ne seront-elles que d’éternels recommencements ou des nouveaux départs ?
A l'heure de l'essor des sites internet de retrouvailles entre camarades de classe, cet album semble traiter d'un sujet devenu une préoccupation importante des internautes : renouer les liens après tant d'années écoulées à construire sa vie chacun de son côté. La nostalgie est à la mode et si elle peut participer à recréer une communication détruite par l'individualisme de notre société, pourquoi pas. Qui, en vieillissant, n'a pas de pensées agréables ou désagréables pour une période, assez longue de son existence (dix à vingt ans), passée sur les bancs de l'école ? Il est difficile, voire impossible de tirer un trait sur une phase aussi importante et fondatrice de son présent. Dans ce contexte, "Mes copains d'autrefois" de Benjamin Bouchet et Patrice Guillon, sorti en fin d'année dernière, trouve donc sa place au bon moment pour s'intégrer dans cette tendance.
Dans le cas présent, la forme du récit est aussi importante que le fond. Sept protagonistes prennent le relais tour à tour pour restituer leurs souvenirs, leurs joies, leurs éventuels regrets et présenter leur situation actuelle. Le passage de témoin s'effectue de façon naturelle et logique à l'issue de scènes de discussion : Juliette conduite à la fête par Lucas qui se rend chez sa mère fâchée avec sa fille Hélène qui n'est autre que la meilleure amie de Juliette, etc… Ce choix de structure permet une progression linéaire du récit tout en instaurant un petit jeu pour le lecteur qui tente de découvrir quel sera le suivant sur la liste à prendre la parole. La voix off tend à brouiller légèrement les cartes mais les propos ne laissant aucun doute, la balade est aisée au milieu de cette multitude de personnages joliment façonnés. Les auteurs ont fait appel à leur vécu et puisé sans complexe dans leur passé pour établir une palette d'hommes et de femmes crédibles, que tout lecteur est à même d'identifier en totalité ou en partie avec son entourage d'alors. La simplicité alliée à cette véracité rend le récit attractif et attrayant. Le choix de l'aquarelle donne une impression de légèreté qui sied bien à une période printanière ou estivale et à une ville de province (qui pourrait être Royan). Le trait quelque peu hésitant est ainsi joliment mis en valeur.
La photo de classe reprend du service et avant de s'extasier sur celle de nos éventuels enfants, nous pouvons toujours commencer par nous retrouver autour des nôtres.
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