L
e cousin Hugues a la paupière lourde de ceux qui sont las dès que la journée commence. Ceux qui ont tout à portée de main et qui s’ennuient. Ceux pour qui une bonne action est une action qui rapporte. Les blasés à blazers, en quelque sorte. Et lorsqu’il porte le pull à blason typique des universités anglaises systématiquement de guingois, difficile de dire si c’est par désinvolture simplement parce qu’il est enflé comme une ablette. Par rébellion ? Vous n’y pensez pas…
Drôle d’album. Pas seulement parce qu’il dévoile une des planches avec texte qui le compose en couverture. Mais aussi parce qu’il modernise un genre, celui qui consiste pour un auteur à faire un gag en une planche dans le cadre d’un environnement immuable, du type de ceux présents en ouverture de grands hebdos populaires. Ici, le terrain de jeu, c’est celui de l’aristocratie désenchantée. Non pas parce qu’elle regretterait sa splendeur passée mais simplement parce que rien ne trouve grâce à ses yeux. Quand il n’est pas tout à fait ridicule, Hugues mériterait des claques. Sa mère est une pochtronne dépourvue d’instinct maternel. Fipps, la gouvernante, semble si peu futée que le jeune homme a l’air pétillant d’intelligence à côté d’elle. La cousine Anne-Pélagie, elle, se laisse peloter. Bien sûr, ils sont ridicules, suffisants et apportent de l’eau au moulin de ceux qui aiment se moquer de cette partie de la société en marge des réalités du "peuple", appelée aussi « fin de race » quand la dent se fait plus dure.
Au fait, Le cousin Hugues est-il un livre drôle ? Au lecteur de voir. Pour celui qui compte s’esclaffer et se moquer aussi bruyamment qu’instantanément des exploits médiocres des « richards », la note risque d’être légère. Au contraire, pour celui qui se sent disposé à imaginer un avant (l’épisode ancien ou la scène qui a précédé celle exposée en une planche) voire un après (quelles conséquences ?), il y a ici et là quelques situations qui, soulignées par un dessin clair et pince sans rire, ne manquent pas de sel. Au risque de se répéter, drôle de livre en vérité.
Une série qui a (trop) vite disparu des rayonnages.
J'aime à la fois le graphisme et ce style de courtes scénettes.
Les personnages paraitront outranciers à ceux qui vivent dans le même milieu et pas si éloignés de la réalité pour ceux qui les fréquentent.
De tels personnages sont, sans doute, des cas devenus rares de nos jours mais même si le trait est fort, on se dit que tout n'est pas forcément totalement imaginaire.
Une façon intelligente de présenter un groupe sans tomber dans la parodie excessive comme le sont les séries sur les motards, les gendarmes, les foutballeux, etc ...
J'aurais aimé qu'il y ait une suite dans le même style sans forcément se dérouler dans le même milieu mais j'ai peur que cet album soit un one shot définitif