L
es 70's sont à la mode en BD depuis quelques temps. Parallèlement à Chewing Gun chez Delcourt (une chronique récente est disponible), Vents d'ouest a lancé l'année dernière Inner City Blues . Scénarisée par Fatima Ammari-b et dessinée par Brüno (Nemo, Cold Train), cette série fonctionne sur le principe de l'alternance, chaque album mettant en scène différents protagonistes dans le même espace temps.
Si le 1er épisode présentait Arnold et Willie Brown, frères et petits malfrats intégrant peu à peu la mafia des quartiers blacks, le 2e nous présente Priest qui, à peine sorti de prison, contacte son ancien partenaire pour se remettre le pied à l'étrier. Ce second tome clôt la mise en place de l'histoire en faisant converger le parcours de ces personnages.
Tout ici est seventies ! De la couverture rouge pétante aux ambiances musicales omniprésentes. Nostalgiques des coupes "afro" et des chemises à col pointu, sautez sur l'occasion pour vous replonger dans vos souvenirs. Les autres, pleurez de ne pas avoir pu ou su profiter de cette époque bénie et savourez cette ambiance particulièrement bien retranscrite par Brüno. Son trait est sûr, net et brutal comme peut l'être le récit dans une Amérique ou "violence" rime avec "quotidien".
Les gentils et honnêtes héros ont le bon goût de ne pas apparaître, ce qui renforce l'authenticité et l'intérêt de cette série 100% blaxploitation. On ne peut s'empêcher de sentir l'ombre de Tarentino dans sa période "Jackie Brown", cela sent bon le souffre, la luxure et contrairement aux apparences, c'est bien le noir qui est la couleur dominante ici !
Je suis carrément conquis par cette série. Elle devient une de mes favorites avec ce Tome 2. Il vient éclairer plusieurs points du T1 et consolide les relations entre les personnages. J'adore vraiment ce style de narration qui, au travers de plusieurs tomes, croise des séquences se situant simultanément (un peu dans l'esprit d'un autre chef d’œuvre qu'est Berceuse Assassine...).
Mais ce qui m'enthousiasme tant dans cette BD c'est son ambiance, hyper prenante :
A la lecture d'Inner City Blues, j'écoute du jazz ou des tubes de Marvin Gaye et Otis Redding, je me prends et donne des uppercuts en pleine poire, je matte le 117ème épisode de Santa Barbara (le meilleur), je m'enivre des fumées de substances illicites, je me déhanche sur le dance floor, je reluque de superbes black girls... Bref, beaucoup de jubilations !!!