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tait-ce un rêve ? Quand Guillaume ouvre les yeux, il est persuadé du contraire. Il est certain d’avoir rencontré son père, très loin, là-bas, au Pays de la vérité. Puis, son regard se pose sur sa tante, Ysane, qui a veillé sur lui pendant son improbable voyage, mais surtout sur Helis, sa sœur, qu’il croyait avoir définitivement perdue. Les tendres retrouvailles font rapidement place au désir d’aller libérer l’âme de leur père, coincée entre deux mondes. Accompagnés du fidèle chevalier de Brabançon, ils se rendent au village de leur enfance à la recherche de la tombe de De Saunhac. Sitôt arrivés, les trois compagnons sont pris en charge par les hommes de Brifaut et conduits, plus ou moins de force, au château familial.
Terre et mère est le troisième tome de Messire Guillaume et marque aussi la fin du premier cycle. Gwen de Bonneval avait su, avec Le Pays de Vérité prendre le lecteur à contre-pied, avec une histoire tournée résolument vers le fantastique. Et même si le rêve permet beaucoup de libertés, ce choix scénaristique pouvait surprendre, autant que les événements, enchaînés à vitesse grand V.
Ainsi, avant d’entamer le dernier opus, on pouvait raisonnablement penser à une nouvelle aventure extraordinaire émaillée de rencontres insolites, d’animaux étranges ou de fabuleux voyages. On était également prêts à retenir son souffle face à un flot continu de péripéties en espérant également un scénario peut-être un peu plus sage. En guise d’épisode féérique ou merveilleux, c’est finalement un huis-clos plutôt calme qui est proposé. Et même si le château des De Saunhac est loin de ressembler à un deux pièces étriqué, même si un chat noir vient de temps en temps troubler une histoire devenue subitement très ordinaire, Gwen de Bonneval parvient une fois de plus à désorienter, en changeant une nouvelle fois son fusil d’épaule.
On pourra toujours arguer que ce troisième tome vient à point nommé pour découvrir certains personnages qui étaient, jusque là, passés sous silence. Ou bien se satisfaire de quelques révélations relatives au passé de Brabançon ou aux ambitions nébuleuses de Brifaut. Apprécier également le dessin toujours très élégant de Mathieu Bonhomme, aussi à l’aise pour peindre des paysages imaginaires ou les décors d’un château médiéval que pour croquer les visages toujours très expressifs de l’ensemble des personnages.
Pourtant, il sera difficile de ne pas se souvenir d’un premier tome qui avait su allier avec brio la quête initiatique d’un gamin à la recherche de son père et d’une touche de fantastique permettant de s’immerger en douceur dans une époque moyenâgeuse fort bien retranscrite. Car cette fin de cycle ne tient malheureusement pas toutes ses promesses. Certains éléments restent inexpliqués comme, par exemple, la façon dont Guillaume a échappé à la mort à la fin du premier tome. Ce héros a d’ailleurs du mal à s’affirmer au fil des pages, à susciter autre chose qu’une sympathie de circonstance. Quant à la fin de l'album, elle manque, paradoxalement, de poésie et d'émotions.
Bien sûr, cette série, de bonne qualité, réjouira sans aucun doute les plus jeunes. Quant aux plus optimistes, ils espèreront sûrement un second cycle répondant, au pire, aux quelques questions restées sans réponse ou, au mieux, permettant de voir les aventures de Guillaume prendre un nouvel élan. De là à retrouver le même plaisir de lecture que lors du premier tome ? Croisons les doigts.
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Bon, la série se termine ici et je ne sais toujours pas quoi en penser ! Le dessin est irréprochable (bien sûr, c'est un style et il faut aimer, mais personnellement je suis très fan de ce genre de trait, à,la fois tendre et élégant). Par contre, l'histoire est très étrange: certains personnages sont assez caricaturaux, d'autres très peu attachants. Même le héros, naïf au début et dont on pense qu'il va évoluer au cours de sa quête et s'endurcir, n'évolue quasiment pas et reste très candide jusqu'à la fin. Quant à l'ambiance générale, elle est encore plus étrange: le tome 1 est axé sur de l'aventure médiéval/fantastique, le tome 2 est totalement mystique et féérique, et le tome 3 revient à des intrigues plus terre à terre avec une ambiance capes et épées moyenâgeuse très classique.
Bref, MESSIRE GUILLAUME est une série globalement plaisante, mais c'est loin d'être la meilleure de Matthieu Bonhomme. Perso, je préfère largement LE MARQUIS D'ANAON (univers similaire mais dans une ambiance plus dark parfaitement assumée) ou encore ESTEBAN (avec un jeune héros assez naïf au début mais qui évolue au cours de ses aventures).