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ellboy continue son errance. Six ans déjà qu’il a quitté le B.P.R.D. et coupé les ponts avec son équipe. Cette fois, il trouve refuge en Angleterre auprès de son "cousin" Harry Middleton pour trouver calme et repos. Rien ne vaut une petite promenade en campagne. Sauf lorsqu’une proposition saugrenue lui est faite : devenir le roi des sorcières ! Mais Baba Yaga en a décidé autrement. Elle convoque Koshchei, le non mort, et le lance sur les traces de son ennemi héréditaire. Sont invités Perun, "Père du monde", et Vasilisa, "La petite fille", à une fête qui pourrait bien tourner au désavantage de Hellboy.
Ce nouvel album était attendu et redouté. Le passage de flambeau était critiqué par les fans avant même la production de la première planche, déçus par la décision du créateur de céder le crayon et ne rester aux commandes que du seul scénario. Difficile donc de faire abstraction du changement de graphisme et de ne pas relever les évolutions, synonymes de perte d’identité peut-être. Et ce faisant, délaisser quelque peu le récit lui-même, en se focalisant sur la forme au détriment du fond. Et pourtant Duncan Fegredo n’est pas le premier à se frotter à cet exercice. Les spins off B.P.R.D. et Histoires Bizarres ont subi ce traitement sans pour cela perdre en intérêt. Seulement, lorsqu’il s’agit de la série fondatrice, l’aptitude à pardonner est bien moindre, voire proche de zéro.
Si l’on peut reprocher que la brutalité du trait soit atténuée, la serpe de Fegredo est bien moins tranchante que celle de Mignola, force est néanmoins de constater qu’il réussit l’exercice difficile de passer derrière le maître sans dénaturer son œuvre. Plus lisse, le dessin est toujours dynamique et l’ambiance créée est fidèle aux origines : sombre et intense avec cette tache rouge rugueuse sautant et virevoltant au milieu des ténèbres. Hellboy s’arrondit légèrement sans perdre son charisme. Le traditionnel carnet de croquis de fin d’album, agrémenté de commentaires des deux auteurs, montre le travail accompli.
Quant à l’errance du héros, elle semble tourner en rond depuis son départ du B.P.R.D., avec le même leitmotiv : combat contre sorcières en tous genres et créatures indestructibles. D’aucun pourraient se lasser d’une tragique de répétition avec pour seules variations les lieux toujours aussi abandonnés en apparence et les gueules aussi nauséabondes les unes que les autres des créatures maléfiques. La démence de Hellboy qui point à l’horizon pourrait être l’élément nouveau apte à relancer le suspens et l’intérêt légèrement en berne. Les démons intérieurs, plus insidieux, chasseront-ils ceux de l’extérieur qui se révèlent toujours incapables à mettre fin aux tourments de la bête de Mignola ? Pourra-t-il de nouveau maîtriser son destin et ne plus être simplement malmené et relégué en marge du récit ?
Un album de transition et de transmission en douceur. Sur la forme comme sur le fond L’appel des ténèbres est un passage entre l’avant et l’après l’époque Mignola et B.P.R.D. La suite, vite.
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