K
itô n'est plus. Eclipsée par Wakana, Isono Machi a disparu. L’inspecteur Sasayama s'entoure comme il peut pour garder pied. Sortent soudain de l'ombre ceux qui tiraient les ficelles et de nouvelles alliances se dessinent...
"Enfin !"
Deux ans que les fans d'enquêtes morbides et gores attendaient le nouveau tome de la saga. Après un onzième opus sorti en janvier 2007 et constitué de multiples flashbacks, le récit reprend son cours et dévoile de nouveaux éléments. En attendant, les amateurs du scénario glauque et torturé avaient certes pu découvrir la nouvelle série de Eiji Otsuka (Kurosagi, livraison de cadavres) mais qui bénéficiait surtout du buzz déclenché par la parution du premierMPD-Psycho.
L'histoire a d'ailleurs été partiellement adaptée par le célèbre Takashi Miike (Audition, Dead or Alive, Gozu, etc...) en une mini-série de 6 téléfilms "live" réalisés en 2000. Le résultat s'avérait plutôt mitigé. Autant le maître avait brillamment réussi à porter à l'écran le manga Ichi the Killer, autant il semble être passé à côté de l'ambiance qui se dégage du scénario du mangaka. Pourtant si le casting choisi ne desservait pas d'emblée le projet (comme ce fût le cas pour Misa dans Death Note : le film par exemple), l'histoire remaniée se retrouve finalement bien moins prenante. La violence figée à l'encre sur une page blanche n'est plus aussi choquante une fois animée, elle en devient presque grossière. De là, une version bien plus fade et moins percutante que l'œuvre originelle.
Mars 2004, un nouvel ouvrage sort en librairie et va faire énormément parler de lui, et faire couler un flot d'encre ! Comparé à SE7EN de David Fincher notamment à travers la scène de la glacière, on lui associe rapidement le thème et la communauté gothique. Pornographique, vulgaire, violent, le voici accusé de bien des maux et devient pour la plupart de ses détracteurs un ramassis de scènes insoutenables sans aucun liens ni intérêts. Le fil de l'histoire se perdant assez rapidement à la première lecture, il est rapidement catalogué comme un simple puzzle n'ayant pour but que de plaire aux personnes en marge de la société qui s'habilleraient en noir pour visiter les cimetières entre amis le soir au fond des bois. Masturbation de l'esprit? Il est vrai qu'il faut presque relire l'intégralité à chaque nouvelle sortie pour mieux rattacher les wagons et cerner le détail qui nous aurait échappé (en même temps, sur deux ans d'attente c'est chose facile...).
Alors cinq années plus tard et une dizaine de numéros au compteur, comment se porte "l'antéchrist" du neuvième art?
Certes, les débuts dans le lectorat seront en effet plus facile chez les jeunes de 14-16 ans pour l'aspect sombre et stylés. Mais ceux-ci s'en délaisseront finalement bien vite au profit de ceux non pas attirés par le phénomène et la mise en scène, mais plutôt par le scénario et la curiosité de découvrir ce que réserve la suite. Bien sûr depuis le temps quelques intéressés aussi en auront terminé avec la collection mais cette dernière semble se vendre tout de même bien. Quelques survivants se retrouvent pour en parler et davantage d'ailleurs pour passer du bon temps que pour décortiquer scènes par scènes. Pour certains, c'est justement pour avoir été tant coté que ça plaît et mieux vaut prendre l'avalanche de sadisme et crimes ensanglantés avec humour que de tenter d'y trouver raison.
Ce qui fait la force de l'œuvre, c'est certainement en dehors de l'esthétisme la "théorie du complot". Qui manipule qui? A quoi servent les yeux portant des codes barres, d'où viennent-ils et quel rapport y-a-t-il avec les personnalités multiples? Mise de côté dernièrement, l'organisation Gakuso revient sur les devants de la scène et nous livre même un aperçu de ses locaux. Le cœur de l'intrigue y réside, et les protagonistes s'y rapprochent tant comme pied-à-terre que comme repère à traquer. Le rythme s'accélère et les interrogations posées sur les dernières pages par l'auteur feraient assez ressentir que la fin approche. Le trait de crayon et le jeu de contraste ne changent pas, les scènes "choquantes" restent toujours aussi bien détaillées. Très bonne idée de conserver ces pages en papier glacé qui font leur petit effet dans la froideur ambiante du récit.
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