« C’est, à cette heure, mon livre le plus léger », confessait Frédéric Bézian. Au premier regard, on serait en droit de le croire tant l’album paraît se situer en marge de la production habituelle de l’auteur, le plus souvent nimbée de fantastique, d'une froide maîtrise technique ainsi que d'une vision peu amène des relations humaines (Les garde-fous, Ne touchez à rien...).
S’inspirant des Carnets de Joann Sfar ou des Petits riens de Lewis Trondheim, Bézian s’essaie ici à plus de spontanéité, à une narration libérée du carcan de la fiction comme des rigueurs de la composition. Ordonné autour de courtes saynètes de une à six planches, La belle vie présente ainsi toutes les caractéristiques du blog papier : quelques tranches de vie compilées, charriant leur lot de banalités, et des anecdotes collectées au coin de la rue, consignées sur des planches privées de cadre et rehaussées par de simples aplats de couleurs pastel.
Il faut cependant se rendre à l’évidence : le regard comme le trait n’ont rien perdu de leur tranchant. Les quelques personnages semblent enferrés dans leurs petits tracas, prisonniers d'un bien morne quotidien. Condamnés à reproduire les mêmes gestes, à prononcer les mêmes discours, les voici réduits à se parodier. Qu’il digresse sur la vie de tous les jours, qu’il vilipende les incivilités de ses congénères, celles des chasseurs de dédicace ou des pollueurs en tout genre, Frédéric Bézian instruit à charge. Les physiques sont évocateurs, les attitudes parlantes et la caricature... grinçante. A ce trop plein de lucidité, d’amertume et de sarcasme, il manque peut-être un soupçon d’humour et d'autodérision. Misanthrope Bézian ? Il y a bien cet enfant qui apporte un peu de fraîcheur et de fantaisie. La vie est belle quand on a juste cinq ans... Il ne faudrait jamais grandir.
>>> Les premières planches sur BDGest'.
Poster un avis sur cet album