L
e petit Aristide a dix ans. Et même si son cerveau est grand, la peur du noir provoque chez lui des insomnies. Car les ombres, menaçantes, se cachent partout, jusque sous son lit. Comment trouver le sommeil, quand la survie exige une constante veille ?
L'intégralité de cette belle bande dessinée est écrite en alexandrins, ce qui renforce son air de conte tout en lui donnant un certain cachet. Les mots coulent et s'enchaînent, portant le lecteur presque malgré lui d'un bout à l'autre de l'aventure.
Et quelle splendeur côté dessin ! Les larges cases autorisent le jeune dessinateur à mettre en valeur les décors, dont chaque recoin renferme les ombres tant craintes par le petit Aristide. Le noir est bien entendu omniprésent, mais la couleur n'est pas en reste. Orange vif, violet profond, vert tendre, c'est un arc-en-ciel qui est offert pour le plaisir des yeux.
Bien sûr, le premier public visé est celui des enfants. Mais Aristide sait parler au gamin qui sommeille à peine en chacun et qui, comme lui, cherche à tout prix à rester en éveil. Ce tout petit attachant dans son isolement et sa peur, donne le sourire du fait de l'incohérence et la simplicité de raisonnement que son intelligence n'arrive pas à contrer. L'émotion est omniprésente, envahissante, exquise. Le final achève de mettre de bonne humeur, avec une planche en pleine page, simple, efficace.
Déjà remarquée avec son album Mon arbre, la scénariste Séverine Gauthier confirme son talent de conteuse et son aptitude à choisir des dessinateurs de talent pour l'accompagner. Le petit Aristide a déjà tout d'un grand !
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