D
eux gangs règnent en maîtres à Cicero City : au nord, « Gabriella », chapeauté par don Salieri, le maire, et dirigé par Isaac « le ténébreux » ; au sud, dans le quartier chinois, « Tennouren » qui monte en puissance. Au milieu, des dizaines de jackals vendent leurs services aux plus offrants. Parmi eux, « Alligator » Nichol cherche à devenir plus fort pour maintenir son indépendance. Mais il devient bientôt la cible de « Gabriella » parce qu’il a abattu un de ses membres. Un jour, pris au piège par le gang, il fait la connaissance de Foa « Requiem », jackal comme lui, qui s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Joignant leurs forces, ils parviennent à tenir tête à deux des membres de l’Immortelle, la section homicide de « Gabriella », ce qui renforce le désir d’Isaac de s’en débarrasser. Cependant celui-ci doit mettre un frein à sa vengeance car l’une de ses paires trahit subitement le groupe au profit de « Tennouren ». Nichol en profite pour passer au sud de la ville avec son grand-père et Sheryl, une amie blessée lors d’un affrontement. Là, il rencontre Inoué qui fut le mentor de sa mère, Roxy la « grande faucheuse » et lui demande de lui enseigner son art martial, le Daitoryu.
Guerre des gangs, atmosphère à la Sin City, héros jeunes et charismatiques, combats dantesques, Jackals a de quoi séduire. Néanmoins après trois tomes très fournis en événements, on reste sur une légère déception. L’histoire globale ne semble pas avoir beaucoup avancé et paraît tout juste émerger d’une assez longue présentation de la situation et des protagonistes. Ne faut-il pas attendre la fin du deuxième album pour voir Nichol et Foa réellement en position de faiblesse et se rendre enfin compte qu’ils ne possèdent pas la toute puissance mais ont encore énormément à apprendre. Cette prise de conscience et son acception par le premier est relativement longue tout comme le début de son apprentissage auprès d’Inoué, qui semble ne jamais vouloir vraiment commencer. Par ailleurs, après un début tonitruant et des affrontements contre des adversaires toujours plus puissants, ce retour à un certain calme laisse un goût un peu amer, tout en insinuant la question suivante : est-ce que la suite sera aussi riche en ennemis de taille sans pour autant verser dans la surenchère quant à leurs forces et spécialités ? Un relent de possible enlisement se fait donc sentir, que le lecteur espère voir éviter. Pour cela, rien de tel que d’évoquer le passé des héros, en particulier celui de Nichol dont l’ascendance montre qu’il est bien ancré dans le monde des jackals et a hérité de certaines dispositions. Par ailleurs, on peut se raccrocher au trait de Kim Byung Jin (Chonchu), ne manque pas de bien accompagner le propos en noircissant l’ambiance à souhait. Et ce sans être exempt de quelques défauts de perspective et d’une tendance manifeste à dessiner des jeunes premiers aux pectoraux (sur)développés ou des protagonistes aux faciès stéréotypés, tant pour les brutes finies que pour les quasi dandys.
Malgré une entrée en matière fracassante, Jackals laisse une impression assez mitigée au troisième tome et suscite quelques questions quant au contenu de la suite.
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