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epuis qu’il est devenu l’hôte d’un symbiote, la vie de Pat Mulligan a complètement basculée. Ayant du mal à maîtriser les instincts meurtrier de sa moitié extraterrestre, il démissionne de la police et choisit même de quitter sa femme et son fils. Bien décidé à œuvrer pour le bien, il traque les super-criminels qui viennent de s’évader du pénitencier de Ryker's Island. Impressionné par les débuts de ce nouveau justicier, Spider-Man lui confie alors une mission : appréhender Razor-Fist ! Si cet adversaire aux lames tranchantes s’annonce coriace, c’est surtout le manque de contrôle sur Toxin, le monstre en lui, qui effraie Mulligan.
Rejeton de Carnage et petit-fils de Venom, Toxin est une créature d’origine extraterrestre avec un beau pédigrée d’assassin. En reprenant les six épisodes de la mini-saga consacrée à ce personnage créé en 2004 par Peter Milligan et Clayton Crain dans la mini-série Venom vs. Carnage, cette réédition du sixième tome de la Collection 100% Marvel permet de faire plus ample connaissance avec le troisième symbiote majeur de l'univers Marvel.
L’intrigue, centrée autour d’un Toxin usant de ses sens hyper-développés pour sentir et pister les anciens détenus de Ryker's Island, est assez basique. De plus, les "super"-vilains (de deuxième rang) ne sont pas vraiment à la hauteur, les affrontements tournent souvent court et le Spider-Man, déléguant son boulot à un petit nouveau alors qu’une ville entière est menacée, n’est pas très crédible. Les dangers liés à la révélation de l’identité secrète de Pat Mulligan et la lutte interne qui l’oppose à Toxin, sont certes utilisés à bon escient, mais ces sujets sont loin d’être nouveaux dans l’univers des comics.
En revanche, en ce qui concerne la profondeur des personnages, Peter Milligan effectue du bon boulot. Il y a d’abord ce héros solitaire qui, à l’instar de Spawn, a tout abandonné et doit rester à distance de ceux qu’il aime. Il y a ensuite cette relation intéressante qu’il entretient avec une créature totalement immature, à qui il tente d’inculquer la différence entre le Bien et le Mal, tout en oppressant ses propres sentiments de haine. D’un côté, le lecteur découvre un symbiote doté d’une propre personnalité, puérile et modelable, et de l’autre un homme qui est inconsciemment heureux de ne plus être bridé par la contrainte morale que s’impose un bon flic. Et finalement, à travers le personnage de Razor-Fist, l’auteur aborde avec une certaine habilité le thème délicat de l’automutilation chez des adolescents qui se sentent mal dans leur peau et s'infligent des blessures en guise de punition ou soulagement à leurs problèmes personnels.
Si les scènes d’action manquent un peu de punch, le reste du graphisme de Darick Robertson est assez efficace, avec des personnages plutôt convaincants. Mais au final, la lente fusion entre Pat et Toxin et le développement psychologique qui en découle, constituent le véritable attrait de ce récit qui place Spider-Man dans le rôle tout à fait discutable de spectateur.
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