C
ommencer par fermer les yeux. Écouter au loin les premières notes de "Lola Rastaquouère" onduler parmi de grands ensembles, froids et immobiles. Puis Lola apparaît, belle et gracieuse, prête à entrer en scène. Premiers mouvements, premiers pas de danse. Les artistes s'avancent : Renée l'écrivain, Rudy l'amoureux transi. Fin du prologue.
Les lumières s'éteignent. Que le spectacle commence. Lola et Renée courent dans les rues de Paris. Les images défilent : des bonnes sœurs chuchotent, des hommes encapuchonnés attendent, un père s'encanaille, Lola ne le reconnaît pas. Elle ouvre des portes, cherche des réponses, continue à apprendre. La nuit avance, le jour va bientôt se lever. Une lumière salutaire ? Il est temps d'ouvrir les yeux.
Était-ce un rêve ? On peut le penser, tant les événements semblent incohérents et dénués de sens. Chacun, cependant, pourra y trouver sa propre explication, reconnaître une situation familière, réagir tout simplement de façon différente. Lire Vitesse moderne, c'est accepter l'idée de ne pas maîtriser son sujet, et laisser de côté tout esprit un peu trop rationnel. C'est admettre, en fin de compte, que le lecteur s'abandonne totalement.
C'est uniquement à ce prix que la magie de l'album pourra opérer, que la folle nuit de Lola saura dévoiler tous ses charmes. L'histoire, malgré son univers onirique et fantasmatique, garde sa cohérence du début à la fin, tandis que l'auteur pose les pièges, ferme les portes, les entrouvre un instant, pour les refermer aussitôt. Comprendre n'est pas si important que se délecter de l'incompréhension, apprécier les destins qui s'entrecroisent, admirer la beauté du trait ou le mélange de couleurs. Trouver son chemin dans ce rêve chaotique devient un jeu, éviter les impasses, une obsession. C'est seulement à cet instant que le récit prendra un sens, celui qu'on voudra bien lui donner.
Nul doute que ce prix à payer risque d'en rebuter plus d'un, qui ne verront dans Vitesse moderne qu'un délire sans queue ni tête. Mais c'est aussi ce qui fait la force de ce style de récit l'absence d'indifférence. Pour les 20 ans d'Aire Libre, Dupuis a agrémenté l'ouvrage de quelques dessins inédits de Blutch en noir et blanc, une occasion unique pour ceux qui avaient loupé sa sortie initiale, en 2002.
Blutch écrit des histoires incompréhensibles quand on ne lui impose pas un carcan. À force, ça devient lourd. J'aurais aimé aimer cette histoire, mais hélas, elle part dans tous les sens et ne dit rien, finalement. Et si elle dit quelque chose, nous ne sommes pas dans la tête de l'auteur, alors elle est indéchiffrable. Dommage.
Je mets un 5/10 (mais ça vaut moins) car j'ai été rapidement transporter durant ma lecture des premières pages plutôt intrigantes en me demandant comment tout cela allait finir. Je n'ai jamais lâché la BD jusqu'à la fin mais finalement il faut quand même reconnaître que l'histoire n'a pas de queue et encore moins de tête. Une fois arrivé à la fin, on se dit: "Oui et alors...? Qué pasa ? Bref, c'est vain et sans effet car il devient difficile de saisir quelques choses dans tout ce micmac de scènes loufoques incompréhensibles, de rêveries (?)...
Encore une BD avec un auteur qui veut se donner un petit genre "Z'avez vu, elle en jette ma BD hein, original hein"....Mouais, ben non pour ma part, c'est trop facile, faut rester un peu cohérent (ça, c'est le plus dur)! Trop de délire tue le délire Mr Blutch.
Je ne connaissais pas (assez... car j'avais quand même croisé son dessin dur et audacieux ça et là...) Blutch, dont l'excellente réputation critique faisait plus office de repoussoir sur moi qu'autre chose. La lecture de cet envoûtant "Vitesse Moderne" m'a convaincu que j'avais fait erreur en imaginant un auteur "branché" pour l'intelligentsia : car - ici, au moins -, on a affaire à une oeuvre substantielle, profonde, impactante aussi. Voici un livre qui semble rebuter la plupart des gens, mais qui en séduira durablement quelques uns (dont je fais donc partie) : un univers singulier, mais pourtant si proche du nôtre qu'il nous est familier jusque dans ses dérapages paranoïaques les plus effrayants ; un récit qui semble s'égarer au fil d'un hasard surréaliste mais qui surprend pourtant par sa forte cohérence symbolique ; un dessin rêche dont la sensualité troublante (Ces femmes ! Ces fammes !) n'est jamais très loin de la laideur... Je ne sais pas expliquer exactement pourquoi, mais "Vitesse Moderne" m'a rappelé les scénarios d'un Bertrand Blier de la grande époque ("Buffet Froid" par exemple...), mais en quelque sorte en négatif : la beauferie de Blier devient ici une sorte de féminisme léger, et pourtant le cauchemar est le même, être perdu dans un univers familier où s'ouvrent des béances menaçantes, dans lesquelles nous trouverons - avec un peu de chance - quelques réponses à toutes ces énigmes : qui sont donc nos parents ? Qu'est-ce qu'être aimé ? Dans "Vitesse Moderne", les araignées sont trop grosses, la pluie trop diluvienne, Omar Sharif est perdu dans le métro, mais surtout la vie est un labyrinthe où chaque porte peut s'ouvrir pour nous précipiter là où nous n'aurions jamais penser aller. "Vitesse Moderne" nous fait peur - un peu -, nous enivre - beaucoup : c'est un livre formidablement intime, et pourtant un livre universel. Un livre important.
Excellent album, à lire absolument! Le dessin de Blutch est merveilleux: y a rien a faire, une véritable ambiance en émane, il a su créer une véritable marque de fabrique, une signature. Et on en redemande. Au niveau de l'histoire, ben ca part dans tous les sens, esprits cartésiens s'abstenir, mais c'est un vrai plaisir de voir évoluer les personnages (auxquels on s'attache beaucoup) et de se laisser porter par ce qui n'est finalement qu'un délire de l'auteur qui s'amuse à nous perdre dans son récit. Un vrai bonheur.
Oeuvre saisissante ? je ne pense pas. L'auteur par son histoire et ses dessins essaye de nous plongé dans notre monde actuel en montrant les côté les plus obscure et à grande vitesse. On s'y perd, comme l'a sans doute voulu l'auteur, mais au final cette Bd ne marque pas. A oublier.