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riand de gras de canard et de confiture de bibine, frère Boulu menait un existence paisible à l’abbaye de Saint-Bibin, jusqu’au soir où il est enlevé par trois mystérieux encapuchonnés. A son réveil, les inséparables frères Prêchi et Prêcha, émissaires du pape, lui font connaître sa mission : sauver la Chrétienté menacée par le Malin. Le brave bibinictin se passerait bien d’un tel fardeau s’il avait voix au chapitre. Entraîné chez l’archevêque Archinaze de Tarabisco, il doit prouver qu’il est le moine de la situation en convoquant, comme il sait si bien le faire, quelques saintes huiles. Las ! même les auréolés choisissent leurs exploits alors que la ville est attaquée par des coquadrilles… Heureusement, Boulu peut aussi compter sur la matago, une mandragore teigneuse, et frère André dont la bure recèle bien des secrets.
Du recueil écrit au XIIIème siècle par le dominicain Jacques de Voragine, le scénariste J-P. Joblin ne retient que le titre, l’aspect fabuleux et l’intervention de quelques grosses pointures du Paradis. Cependant, là où l’ouvrage médiéval s’est révélé un best-seller de son époque, cette Légende dorée du XXIème siècle s’annonce tout juste dans la moyenne de la production actuelle. L’humour est le fer de lance de cette quête fantastique sur fond de Moyen Âge en proie à ces démons millénaristes. Néanmoins si le lecteur sourit incontestablement à certains jeux de mots, bien amenés quoique sans finesse, il ne trouve guère de quoi se bidonner et l’adjectif « hilarant » n’est pas vraiment de mise. Par ailleurs, le récit comme son déroulement ne possèdent rien d’original. On peut apprécier l’image amusante d’un saint Michel imbu de sa céleste personne ou d’un archevêque qui voit la queue du diable partout sans pour autant déceler une vraie consistance, fût-elle parodique – dans le propos. Il s’agit plus d’aimable gaudriole que de bagout rabelaisien truculent et incisif. Bref, ça manque de saveur. Et ce n’est pas l’énigmatique frère André dévoilant à mi-album ses arguments de chocs – et quels arguments ! Archinaze n’en revient pas, lui qui est si sensible au fumet satanique – qui y change quoi que ce soit… C’était bien essayé. Reste le graphisme d’Olivier Le Biscot dont le trait rond convient admirablement à cette sotie légère tout en croquant de véritables trognes rendant bien le caractère de chaque personnage.
Ce premier tome se lit aussi rapidement que son souvenir s'efface, en laissant la trace ténue d'un moment assez divertissant.
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