1928. Gordon Devries, le roi des bootleggers, règne en maître sur la Nouvelle-Orléans. La prohibition, il s'en accomode. Il en a même fait son fond de commerce et arrose autant l'État de bourbon que les flics de pots-de-vin. Rien ne semble devoir l'inquiéter, ni les bandes rivales inférieures en nombre, ni les autorités qui ne rechignent pas à collaborer. La menace ne pourrait-elle pas venir d'ailleurs ?
Tout commence par une image, celle d'une femme à l'air hautain, mystérieux, au teint pâle, la poitrine marquée de deux impacts. Fantôme ? Souvenir ? En tout cas, réminiscence d'un passé douloureux. Impression renforcée par un titre qui résonne comme une invite à l'imagination : Necromancy. L'accroche est efficace, et la suite ne l'est pas moins. Fabien Nury détiendrait-il la recette miracle ? Il n'importe, quelques ingrédients, savoureux et habilement dosés, font de ce Livre I une bande dessinée comme on en voit peu, d'une qualité rarement égalée à notre époque où le nivellement tend à se faire par le bas.
Quels sont-ils, ces ingrédients ? Le plus important, celui sans lequel un album ne saurait constituer une si belle réussite, se situe au niveau des personnages. Nombreux, ambivalants, énigmatiques, souvent torturés par une chimère qu'ils poursuivent aveuglément ou un souvenir qu'ils tentent d'enfuir au plus profond d'eux-mêmes, tous ont une force de caractère, une personnalité, qui les rendent crédibles. Un peu comme si leurs réactions, leurs motivations, leurs pensées, semblaient couler de source. À l'évidence, les personnages ne suffisent pas, encore faut-il que leur parcours soit digne d'intérêt. En l'occurence, les relations entre protagonistes renforcent la densité du propos. De même, la façon qu'a le scénariste de découper son récit, variant régulièrement les lieux et les points de vue, permet de mener plusieurs trames de front et d'attiser continuellement la curiosité. Les différentes révélations, ayant trait aussi bien aux personnages qu'au contexte historique dans lequel ils se déploient, sont également amenées avec intelligence pour former un ensemble dont la cohérence ne sera jamais prise en défaut. À l'origine de cette performance, un cadre qui mêle avec dextérité un réalisme indéniable et de fréquentes incursions dans le fantastique. L'époque traitée est évidemment propice à ce mélange des genres, elle dont la modernité et le matérialisme n'ont pas permis d'éradiquer les anciennes croyances. La nécromancie trouve ainsi en la Nouvelle-Orléans un décor idéal pour relever délicieusement une histoire dont le fin mot viendra inévitablement d'une confrontation directe entre morts et vivants.
Le réel et le fantasque, deux éléments antinomiques et pourtant complémentaires. L'alchimie qui lie ces deux facettes d'une même réalité doit autant à la science du découpage de Fabien Nury qu'à la maîtrise parfaite affichée par Jack Manini. Déjà remarqué sur la série Estelle, ce dessinateur qui signa également le scénario de La loi du Kanum accompagne très bien les changements de lieu et d'ambiance dont est truffé le récit. Par l'alternance de séquences fort aérées, se déroulant à la lumière du jour, et d'autres, plus sombres, qui soulignent les ombres et dissimulent les dangers, il confère une tension supplémentaire à une histoire dont la teneur donnait déjà des frissons dans le dos. La complémentarité entre les deux auteurs, palpable, donne donc naissance à une œuvre forte, riche, complexe, qui convie le lecteur à redoubler d'attention pour en saisir les finesses.
Le deuxième et dernier tome à paraître en janvier 2009 aura la lourde tâche de clôturer en beauté un diptyque qui s'annonce incontournable. Il est à espérer que celui-ci donnera à Jack Manini la reconnaissance qu'il mérite. Quant à la bibliographie de Fabien Nury, déjà bien fournie avec des titres tels que Je suis Légion, W.E.S.T. ou encore Il était une fois en France, elle pourrait bien s'enrichir d'une nouvelle perle.
Je n'ai pas réussi à aller jusqu'au bout de ce premier tome. Après le énième prologue, je n'en pouvais plus. Immenses problèmes de clarté. Qui est qui ? Qui fait quoi ? Trop de prologues, trop de personnages, trop d'installation.
Je crois qu'habituellement, Fabien Nury est un excellent scénariste. Ici, par contre, bof. Il faut dire que le dessin de Manini n'aide pas, souvent difficile à lire, avec des personnages qui se ressemblent (et il y en a beaucoup!).
Cette histoire de gangsters qui veulent ressusciter des morts à l'époque de la prohibition aux États-Unis aurait pu être intéressante, mais elle a manqué d'ampleur. Je n'ai pas non plus accroché à ce personnage principal absolument détestable.
Une série en deux tomes qui peut valoir le coup d’œil, mais sans plus.
Décidément Fabien Nury nous enchante à chaque fois. Ici avec Manini.
Une idée très originale qui mêle mafia, surnaturel, ambiance Nouvelle Orléans, prohibition. Un scénario rondement mené qui tient en haleine le lecteur. Une grande qualité graphique qui supporte le tout. Que demander de plus!
Plaisir de la lecture assuré.
Bon album toutefois il est parfois compliqué à comprendre notamment au niveau des personnages. Je suis revenue en arrière plusieurs fois pour savoir qui était qui, notamment Baxter, l'avocat.
J'ai tout de même hate de lire la suite.
Voilà une nouvelle série plutot pas mal.
Le dessin est assez spécial, mais on s'y habitue très vite et retranscrit bien l'histoire, qui elle est bien.
Un patron qui fait de la vente ilicite d'alcool en Amérique dans les années 1928, découvre des choses étranges tels que des cadavres dans une de ses livraisons.
A mon avis la suite sera vraiment mieux car l'histoire sera mieux compréhensible.
Un bon début.
Un scenario trés accrocheur, un melange de style entre réalisme et fantastique. On a l'impression de se trouver dans un vieux polar comme "les incorruptibles", corruption, guerre de gang, traffic d'alcool; avec en plus cette touche enigmatique, les zombie, les chamans, tous ces secrets autour de certains personnages.
Une superbe mise en scéne avec de trés beau dessin et des couleurs qui nous embarque tout de suite dans cette ambiance "necromancienne"
Un BD incontournable, un genre vraiment a part.
J'ai prit beaucoup de plaisir à lire cette BD et j'ai grande hate de lire le denouement.