L
a Chine, terre de légendes, est le cadre idéal pour de nouvelles aventures du baron de Münchhausen. Dès son arrivée, ce dernier doit faire face à une horde de loups assoiffés de sang ainsi qu’à une armée de mercenaires réclamant un droit de passage. Ce genre de comité d’accueil n'effraie pas le fantasque vieillard dont la seule préoccupation est de se jouer de la Mort qui le traque sans relâche. Peut-être parviendra-t-il à gagner la vie éternelle au sommet du mont Fantôme ? C’est en tout cas le secret révélé par un étrange ermite. Le baron n’hésite pas une seconde et entame une ascension semée d’embûches.
Ce personnage historique allemand, ancien militaire de l’armée russe, aura décidément fait couler beaucoup d’encre. Nul doute qu’il aurait été fier de susciter autant d’attention. Affabulateur hors pair, menteur professionnel, il teintait ses récits de détails extravagants qui le faisaient passer pour un fou. Aussi, à l’image d’un Tartarin de Tarascon, ses incroyables péripéties furent réunies, dès la fin du XVIIIe siècle dans un ouvrage traduit en français par Théophile Gautier fils. Chasseur de lièvre à huit pattes, explorateur lunaire, conducteur de boulets de canon, ses exploits étaient tous aussi extraordinaires les uns que les autres.
Comme le nom de la série l’indique, Olivier Supiot a imaginé des aventures oubliées du baron de Münchhausen. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les voyages racontés dans les trois tomes publiés par Glénat paraissent très sages. Certes, on imagine la folie du vieil homme, nostalgique de sa gloire passée, certes, l’auteur incorpore dans Chinoiseries une touche féminine bienvenue, source de dilemme, certes, le dépaysement est total, et plutôt éclectique. Pourtant, aucune satire ne transpire de l’ouvrage, pas de pérégrination rocambolesque non plus, à peine une morale gentillette et politiquement très correcte. Alors, il reste la beauté des images, des paysages rendus somptueux par des dégradés de couleur directe, mais aussi une double page, magnifique, rassemblant les souvenirs du baron dans un patchwork aux tons ocres et rouges.
Une belle enveloppe insuffisante, toutefois, pour donner du volume à une histoire qui souffre d’un manque d’éclat et dans laquelle le personnage principal évolue dans un environnement beaucoup trop étroit. A défaut d’immortalité, Münchhausen se retrouve doté d'une coquille, jolie mais vide.
Lire la chronique du tome 1
Lire la chronique du tome 2
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