A
uthority n’est plus ! Leur soif d’un monde meilleur les avait poussés à prendre le contrôle des plus hautes instances du gouvernement américain et à autoproclamer leur leader, Jack Hawksmoor, Président des Etats-Unis. Une révolte populaire à l’encontre de leur approche dictatoriale avait cependant abouti à un conflit sanglant. Le bilan beaucoup trop lourd de cette désastreuse bataille entre l’équipe d’Authority et la rébellion menée par Paul Reverie et les Enfants de la Liberté, avait poussé le groupe à se dissoudre. Passés du statut de héros à celui de dictateurs, les membres d’Authority se retrouvent maintenant aux oubliettes. Swift médite sur sa montagne au Tibet, Angie passe son temps à naviguer sur le multivers, Jack joue au super-héros, Midnighter combat le crime à travers le monde, Apollo élève seul le post-humain le plus puissant de la galaxie et le docteur est mort d’une overdose de drogue. Pendant ce temps, Henry Bendix remodèle la Terre selon sa vision et Jenny Quantum, du haut de ses huit ans, semble être la seule à pouvoir contrer cette menace.
Regroupant les épisodes #7 à #12 de The Authority : Revolution, ce deuxième tome livre la conclusion de cette mini-série scénarisée par Ed Brubaker et dessinée par Dustin Nguyen. Si le postulat de départ assez original plaçait un groupe de super-héros au-dessus de l’autorité des humains et proposait de mesurer les conséquences d'un tel choix, ce second volet, qui reprend l’histoire quelques années après la dissolution d’Authority, est plus conventionnel et se divise en trois parties distinctes. La première tourne autour du personnage qui manipule tous les événements en coulisse et dont l’identité, assez mal dissimulée au lecteur, est enfin devinée par les super-héros. La deuxième consiste à reformer l'équipe dissoute précédemment et permet aux auteurs de placer Jenny Quantum dans un rôle beaucoup plus central. La dernière est consacrée à l’affrontement final entre Authority et leur ancien leader, revenu d'entre les morts.
Si le récit de Brubaker fait preuve d’une grande maîtrise, il atteint rarement le niveau d’inventivité de la plupart des aventures antérieures, plus mystiques. A travers l’histoire des différentes Jennys, l’auteur tente certes d’emprunter la voie de ses prédécesseurs (Warren Ellis, Mark Millar, Tom Peyer et John Ridley), mais retombe vite dans un schéma plus terre-à-terre. Le travail de l’auteur sur le développement psychologique des personnages est cependant excellent, en particulier sur Jenny, qui prend définitivement l’histoire à son compte en grandissant subitement de cinq ans. Le choix de l'ancien Weatherman de StormWatch en tant que vilain est également judicieux, ce dernier étant le mieux placé pour exploiter les points faibles d’Authority et rendre l’affrontement final intéressant. Privilégiant la profondeur au sensationnalisme, Ed Brubaker fait cependant preuve de manque d’audace sur un titre dont c’est le créneau. Au niveau du graphisme, Dustin Nguyen, un habitué de la série, continue d’exceller lors des scènes sanglantes et violentes, mais a tout de même du mal à coller à l’aspect plus réaliste de l’univers mis en place par son scénariste.
Si la véritable révolution fut menée par Warren Ellis et Mark Millar, celle de Brubaker est plus réfléchie, moins flamboyante, mais beaucoup plus accessible.
Authority m'a toujours dérangé dans le sens ou la frontière entre la parodie, le plagiat, ou la refonte des mythes des super héros n'était jamais très bien établie.
Ici, on se retrouve avec un registre adulte mais on sens moins la volonté de bouleverser les lecteurs. Relation Midnighter appolo moins marqué, usage de drogue moins avancé... Il semblerait que la série s aseptise un peu.
Le scénario est ici classique, un méchant génial (lex luthor ?) qui pousse a la dissolution de l'équipe (LDj ?) pour mieux l'anéantir. Bon, comme mis en parallèle rien de réellement nouveau. Je me demande aussi, si dans la surenchère des capacités d'une Jenny Quantum ou du Porteur, les auteurs ne sont pas prisonniers d'un toujours plus qui, c'est déjà pour moi le cas dans la série classique, finira par tourner au grotesque.
Absolument rien a redire sur le dessin ou le coloriage qui est d'une grande beauté.
A quand la suite de stormwatch au fait ?