D
ans son lycée, Asuka Masamune passe pour l’incarnation même de la virilité. Qui pourrait croire que ce champion d’arts martiaux est en fait un inconditionnel des shojo et adore les passe-temps comme la couture et la cuisine ? Pourtant il est bien un « otomen », un homme à la sensibilité féminine, et éprouve le plus grand mal à cacher cette inclination. Quand il tombe amoureux de Ryô Miyakozuka, qui ne jure que par les garçons virils, il est pris de terribles crises pendant lesquelles il achète ou confectionne quantité d’objets kawaïs. Comme la jeune fille n’a rien d’un cordon bleu, il décide de préparer des bentô quotidiennement pour déjeuner en sa compagnie. Mais à chaque fois qu’il se trouve avec elle, Tachibana, un play-boy, s’incruste parce que lui aussi a une bonne raison d’être aussi proche de Ryô et Asuka…
Des héroïnes garçons manqués, il y en a pléthore dans les shojo, cependant, les héros à l’âme empreinte de féminité sont plutôt rares, en dehors de personnages masculins efféminés frisant la caricature et l’exubérance. Dans cette série, Aya Kanno se propose de suivre un véritable « otomen » - terme qu’elle a inventé – c'est-à-dire un jeune homme s’intéressant aux mêmes choses que les filles, et doué dans des domaines supposés plutôt féminins. L’idée est d’autant plus intéressante que le Japon apparaît comme un pays assez macho qui véhicule de nombreuses idées reçues. Ainsi, les sucreries sont-elles réservées à la gente féminine tandis que le salé passe pour mieux convenir au sexe fort, de même que le café noir. Pour marquer encore plus l’obligation qu’a Asuka d’être un vrai mec, l’auteure a choisi d’établir un traumatisme expliquant qu’il veuille autant dissimuler sa nature profonde. En effet, sa mère ne s’est jamais remise d’apprendre que son père voulait changer d’identité sexuelle et lui a imposé de toujours se montrer très viril. Ce cas de conscience du héros engendre donc une comédie amusante et fraîche, pimentée par la présence de protagonistes hauts en couleurs formant le reste de l’inévitable trio propre au genre. La jolie Ryô et l’omniprésent Tachibana sont tout l’inverse du héros. Elle n’a rien d’une ménagère et lui est un coureur quelque peu agaçant. En conférant au play-boy un rôle secret et inattendu de mangaka, Aya Kanno agrémente un peu plus l’histoire et joue sur la mise en abîme narrative. Côté graphisme, son trait est typique des shojo, bien qu’elle s’en défende dans les colonnes bonus. Trames lumineuses et fleuries flirtent avec de grands yeux et des joues rougissantes, sans pour autant que l’ensemble soit dégoulinant ou mièvre.
Ce premier volume d’Otomen est une agréable entrée en matière pour une série qui s’annonce pleine de fantaisie légère.
Asuka est la personnification de la virilité! Particulièrement fort en kendo, mais aussi en karaté et en judo, il fait craquer toutes les filles et inspire le respect de tous ses congénères masculins. Cependant, il cache un terrible secret: c’est un “otomen”! Il aime tout ce qui est mignon! Mais lorsqu’il tombe amoureux d’une nouvelle élève, son coeur s’emballe et… son secret est révélé au grand jour! Voilà pour le concept de départ!
Cette parodie sur la féminisation de la masculinité est intéressante à plus d'un titre. Au Japon, c'est plus de 2 millions d'albums vendus en 1 an seulement. En France, c'est déjà 100000 albums de vendus. Ce manga méritait tout de même sa fiche de présentation! Le dessin changerait vraiment du style féminisé que l'on trouve généralement dans les shojos car le trait serait plus mâture.
Verdict? Cette série est sympathique sans être exceptionnelle. J'ai beaucoup apprécié le ton humoristique et les situations de jonglage entre les deux traits de personnalité. Même en tant que garçon, je suis également un peu fleur bleue au même titre que notre héros. Cependant, il ne faudra pas me demander de faire la cuisine ou de la couture!
Les tomes se suivent et se ressemblent mais avec toujours le souci de nous divertir. Bref, une lecture rafraîchissante sur une excellente idée de départ.