L
e 9 avril 1865, le Général Lee rend les armes, mettant fin à la guerre de Sécession. Il est temps maintenant de tout reconstruire, de panser les blessures, physiques mais aussi morales. C'est le cas des Callaghan, endeuillés par la perte de deux de leurs membres. La mère, tout d'abord, qui n'a pas supporté l'éloignement de ses trois fils partis au combat, et de ses filles, Rose et Isabel, lancées à leur recherche. Et puis Jacob, l'un des garçons, mort au front. Traumatisée par ces événements, Rose a choisi l'abandon et l'exil. Isabel, quant à elle, souhaite fonder une famille dans l'Ouest américain, loin, très loin, de sa Virginie natale. Pendant plus de vingt ans, elle tente d'oublier les atrocités des champs de bataille et surtout la trahison de sa sœur, impardonnable. Malgré tous ses efforts, le passé ressurgit pourtant un jour de 1888. Par l'intermédiaire d'un étrange cow-boy venu demander des nouvelles de Rose, mais aussi de Cora, la fille d'Isabel, désirant percer les secrets de sa mère.
Le premier tome de Cora est la suite chronologique de Rose et Isabel. Celui-ci avait tout d'abord surpris par l'angle sous lequel la guerre de Sécession était présenté, celui de l'absence et du manque de ceux partis au combat. Mais aussi par le rôle essentiel joué par les deux jeunes femmes, dont les capacités physiques paraissent quasi surnaturelles... et demeurent encore aujourd'hui inexpliquées. Car il faut bien avouer que ce mystère entourant les deux sœurs justifiait à lui seul une sacrée dose d'impatience, que le lecteur pensait à juste titre avoir l'occasion de combler avec ce Livre Un.
Eh bien non. Il devra patienter... au moins jusqu'au Livre Deux. Car en créant un nouveau personnage, Cora, une autre époque, et un autre lieu, Ted Mathot a eu besoin d'un tome introductif afin de pouvoir situer une histoire qui peut apparaître comme totalement différente. Pourtant, l'auteur conserve le même désir de mettre ses héroïnes en avant, les hommes étant relégués au simple rang de faire-valoir, que ce soit Charles, le mari de d'Isabel, ou Jacob, leur fils, dont les apparitions dans l'album sont très fugaces. Difficile alors de se faire une idée précise sur un scénario qui devra, lui aussi, dévoiler bientôt tous ses secrets.
Dans Cora, les paysages désolants d'affrontements meurtriers ont laissé place aux panoramas beaucoup plus pacifiques du Montana. La beauté des couchers de soleil sur les grandes plaines typiques de l'Ouest ou le côté sauvage des promenades à cheval qu'Isabel et sa fille affectionnent sont renforcés par un changement de format de l'éditeur, plus allongé, qui rend les cases moins étriquées. Cependant, il faut noter de nombreuses fautes de frappe (mots manquants, virgules mal placées...) qui rendent parfois la lecture un brin saccadée.
Avec Rose et Isabel, Ted Mathot avait placé la barre très haute. Ainsi, les attentes pour Cora étaient-elles légitimement élevées. Si ce premier tome n'atteint peut-être pas le niveau d'exigence requis, il faut néanmoins rester patient et espérer que la jeune fille puisse nous transporter sur les traces de ses illustres aînées.
Lire la chronique de Rose et Isabel
Cette suite à Rose et Isabel se situe plus de 20 ans après la guerre civile américaine. Cora n'est pas une bd sur la chaîne de supermarché bien connue dans l'Est de la France. Il s'agit en fait de la fille d'Isabel.
Les explications au talent des deux soeurs ne seront pas révélées ce qui décevra l'attente des lecteurs. Il faudra encore patienter...
Cependant, nous avons droit à un chapitre introductif dans ce livre I très intéressant et qui part dans la direction des secrets de famille. Les hommes n'occuperont pas une place centrale dans cette oeuvre. Le ton était de toute façon donnée avec Rose et Isabel.
On regrettera une édition qui n'a pas fait attention sur les fautes de frappe et les mots manquants ce qui parait impardonnable à ce niveau. Les planches sont cependant dépaysantes avec de magnifiques paysages du Montana.
C'est tout de même étonnant ce que peut faire un dessinateur ayant travaillé pour Pixar. La mise en scène est très cinématographique. Il y a un véritable savoir-faire.
C'est vrai que cela pourrait se lire indépendamment de la série Rose et Isabel mais je ne le conseille pas. Pourquoi bouder son plaisir ?