L
e commissaire Toumi est sur les dents... enfin, sur les crocs, puisque ce fin limier n'est autre qu'un chien. Il faut dire qu'entre l'assassinat d'un critique d'art, le meurtre d'une miss météo et l'enlèvement d'un chanteur has-been, l'animal à la pipe ne chôme pas. D'autant que Stucky, son fidèle second, est loin d'être un as de la police. Qu'à cela ne tienne. Voici les deux compères partis pour quatre enquêtes totalement délirantes.
Après le très remarqué Anna et Froga, sélectionné pour le prix "Essentiel Jeunesse" par le jury d'Angoulême en 2008, Anouk Ricard signe avec Commissaire Toumi un album clairement réservé à un public adulte. Pourtant, le dessin, très naïf, ainsi que les couleurs flashy, auraient pu laisser croire à de petites histoires animalières ou à de gentils contes pour enfants sages. Dans Le crime était presque pas fait, cependant, c'est loin d'être le cas : les oiseaux découpent leur victime en rondelle, les morses sont gérants de boîte de nuit et les escargots, des notaires véreux. Quant à Toumi, sorte de Derrick sur pattes, il ne refuse jamais un bon whisky pour se donner du courage et ses méthodes d'investigation sont souvent douteuses.
L'auteure joue avec l'humour absurde, les situations extravagantes, les jeux de mots ridicules sans pour autant réussir à convaincre complètement. Il manque un peu d'audace, un brin de folie, pour donner du corps à des récits parfois un peu ternes. La lecture est certes plaisante et fait souvent sourire, mais beaucoup de gags tombent malheureusement à l'eau.
Néanmoins, on imagine facilement chez Anouk Ricard un véritable potentiel pour aller encore plus loin dans le non-sens ou la loufoquerie. En attendant, le Commissaire Toumi, malgré le rouge pétant de sa voiture ou le bleu éclair de son pantalon, manque singulièrement de couleurs.
Si comme moi vous êtes amateur d'humour absurde, alors vous ne pouvez qu'adhérer aux histoires d'Anouk Ricard. En effet, les enquêtes policières que mènent le COMMISSAIRE TOUMI sont toutes plus abérrantes et saugrenues les unes que les autres. Cette atmosphère d'absurdité se trouve de plus renforcée par de nombreux personnages secondaires bien stupides et un dessin naïf à l'extrême qui accentue encore plus le décalage.
Et c'est là que le bât blesse pour moi : si le trait est bien évidemment en accord total avec le ton loufoque du scénario, j'avoue que je le trouve extrêmement repoussant. Du coup, le plaisir à la lecture s'en trouve obligatoirement diminué.
Personnellement, pour des histoires humoristiques mêlant absurde et aventure avec des dessins plus esthétiques, je préfère me tourner vers d'autres séries comme DONJON, LA RUBRIQUE-A-BRAC ou RATAFIA.