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n 1995, à la suite d’un dysfonctionnement des systèmes de refroidissement ayant provoqué une fuite massive de sodium, le dernier super générateur japonais fermait. L’affaire fut brièvement étouffée avant que le scandale éclate. Monju, tel était le nom de cette centrale dont la réouverture est prévue courant octobre. Tel est aussi le moment choisi par Kana pour publier la série éponyme, portée par un robot policier d’élite alimenté par une pile nucléaire plus ou moins défectueuse. Voici un éditeur qui a le sens de l’à-propos et de la mise en place !
Plutôt que d’être mis au rebut, Monju, mi-Robocop mi-Patlabor, est affecté dans une petite ville de campagne auprès d’un jeune agent fraîchement émoulu, quelque peu obsédé par la gent féminine et par un début de calvitie. Jouant sur le quiproquo et le comique de situation, s’appuyant notamment sur le classique ressort du duo mal assorti, Hiroki Miyashita s’en tient a priori aux fondamentaux du genre : maladresses récurrentes d’un héros à la fois tendre et touchant, jeunes filles en tenue légères, vannes éculées. Pourtant, il se glisse, au fil d’une narration relativement décousue, un arrière-plan un peu plus élaboré. Une réflexion – balbutiante – s’engage sur le terrain pourtant maintes fois arpenté de l’esprit dans la machine (Ghost in the Shell). Le flic mécanique, au sens très manichéen voire expéditif de la justice, confronté à la complexité des relations humaines, s’ouvre à l’empathie et à la mesure. De même, la question de la différence et de l’acceptation au sein de la communauté rurale est posée. Mais l’humour régressif reprend rapidement le dessus. Difficile alors de se faire un avis sur l’album. Simple accumulation de gags ou pièces éparpillées d’un puzzle plus consistant qu’il s’agit de reconstituer ? La lecture du prochain tome devrait pourvoir à cette interrogation d’autant que le classement de ce manga dans la catégorie réservée aux jeunes adultes ne lasse pas d’intriguer. A moins que le graphisme très typé seinen y soit pour quelque chose. Le dessin de Miyashita est particulièrement fouillé, l’encrage appuyé, le cadre dynamique et les décors détaillés.
Monju – Au service de la justice s’avère une lecture divertissante, sans prétention... et largement dispensable.
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